Le litre et le néant

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Aujourd’hui, j’imprime mon premier billet. Ou plutôt le premier billet d’une nouvelle vie bloggesque. Une façon comme une autre de tourner la page d’une cénosillicaphobie qui m’a porté vers une Oenosemiophobie (la peur des étiquettes de bouteille de vin), crainte qui a fini par muter en Xyloglossophobie, la phobie de la langue de bois. Mais, rassurez-vous, ça se soigne! Je ne suis pas devenu vinophobe, loin de là ! Ceux qui ont la malchance de me connaitre vous le diront, je me soigne au Meursault bien frais ou à dose non-homéopathique de Côte-Rôtie, minérale et sauvage de préférence. Au début, il s’agissait de m’exprimer sur tout, sur rien, mais sur le vin, parfois en vain, deux milles billets et un peu de fausse monnaie plus tard, ma philosophie de comptoir m’a rattrapé. Après 15 ans à renâcler du vieux à la sortie du goulot, j’ai décidé de tenter une nouvelle approche de la chose vineuse. Un regard philosophique sur le vin. J’ai même pensé à plagier Jean-Paul, Sartre pas Belmondo, et appeler ce blog: « Le litre et le néant ». Néanmoins, la seule question qui me taraude, est : pourquoi associer le vin et la philosophie, fusse-t-elle de comptoir?

Qu’est-ce qui différencie un Meursault de Coche, de nos boissons ou de nos nourritures quotidiennes et terrestres? Les grands philosophes du passé ont très peu écrit sur le vin, même s’ils en ont consommé beaucoup, bien plus que leurs concitoyens moyens. Dans Le Banquet de Platon, la consommation de vin, qui est tout sauf modérée, est plus un prétexte à philosopher qu’un objet de philosophie en soit. Le vin est un objet que nous recherchons pour lui-même, en tant que fin et non en tant que moyen, et auquel nous attribuons une valeur intrinsèque. Lorsque nous consommons un aliment, c’est en général pour sa valeur gustative et nutritive. Il existe donc un lien étroit entre le goût d’un aliment et sa valeur nutritive. La valeur que nous attribuons à un grand vin, en revanche, a très peu de relation directe avec sa valeur nutritive. Nous ne buvons pas les bons vins pour étancher notre soif ou pour nous rassasier. J’ai entendu beaucoup de connerie, ma table, c’est même une sorte de temple, mais jamais je n’ai entendu quelqu’un dire qu’il était rassasié après un Chambertin ! Non, même si je dois agacer certains, chez moi, on picole, et, parfois, on rend hommage au travail des hommes, ce n’est pas incompatible. Ce ne sont pas, n’en déplaise à Louis Pasteur, les qualités nutritionnelles du vin qui peuvent en faire un objet précieux ou philosophique. C’est ce qu’il y a autour. Nos sens décryptent le vin, mais le dégustation d’un vin ne peut se réduire à ces seuls facteurs sensoriels. Nos phobies, nos préjugés et quelques autres facteurs socioculturels altèrent ou exacerbe notre jugement.

Mine de crayon, ce modeste blog se propose donc de développer une approche différente de la dégustation du vin, en prenant appui sur la philosophie bien entendu, mais aussi sur l’actualité, la musique, le cinéma, la littérature, le Boukistan, le Curling acrobatique et l’humour, absurde de préférence. Parce que la philosophie vineuse s’intéresse à tout ce qui fait de nous des êtres de chair, amateurs de bonne chère pas trop chère, elle ne s’interdit aucune porte d’entrée, surtout celles qui mènent à nos dives bouteilles qui vieillissent dans nos caves.

3 réponses sur “Le litre et le néant”

  1. Ah ! ah ! Il a craqué !
    Voilà une bonne nouvelle 🙂
    Pasteur voulait peut-être parler de nourriture spirituelle ?
    En tout cas, c’est un plaisir de retrouver l’esprit du Pat dans celui du vin, même pour un simple d’esprit comme moi.
    Avec toutes mes félicitations soiffardesques pour ce grand retour attendu.

  2. Un grand vide vient de se combler: le maître est de retour et nul doute qu’il va de nouveau pousser le bouchon. C’est un des haltères au fil.
    Wellcome back home.

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