Les grands esprits se rencontrent, hélas les petits aussi

Jeudi dernier, à la cantine, j’étais en train de terminer mon île flottante, absorbé dans mes pensées comme un aigle royal qui se laisse emporter par le vent de la steppe, quand une collègue a coupé net mon vol majestueux, m’a regardé avec étonnement, puis m’a demandé si tout allait bien avec l’air de penser que j’étais en train de burnouter. J’ai eu l’irrépressible envie de lui rétorquer quelques amabilités du genre qu’elle était plus belle de fesses que de face, qu’elle tenait surement beaucoup mieux sur le dos qu’une chèvre sur ses cornes, qu’elle était tellement conne que si elle voyait une plus conne qu’elle dans un bocal, elle casserait le bocal pour prendre sa place ! j’aurai certainement fini par avouer à cette ex-majorette que la seule différence entre elle et un cheval, tient en un seul chromosome, un seul, celui qui l’empêche de chier en défilant. Comme j’ai été bien élevé par quelques moines cisterciens et que passer pour un goujat n’est pas dans mes habitudes, j’ai eu un éclair de génie. Je l’ai regardée et je lui ai dit : « Elämä on yksisilmäinen huora ja jälkiruokani on hänen silmänsä ».

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Heurs et malheurs d’un blogueur

Vous avez remarqué l’allitération du titre ? Non évidemment, mais pourquoi je me fais chier ? Y n’y a hélas plus d’élite et c’est là qu’est l’os. Déjà que je n’ai pas beaucoup d’inspiration pour écrire des choses intéressantes et de bon niveau vineux en ce moment, si en plus la technique s’en mêle, on ne va pas aller bien loin. Bref, je vais me servir de mon courroux coucou et de mes récents déboires à propos de la cuisine interne de ce blog pour me pousser à l’ire, à la colère et même à la fureur si j’étais nasillard. Je sais, il ne s’agit que de l’arrière-boutique d’un petit blog sur de petits grands vins, mais c’est cette arrière-boutique à la dimension occulte qui valorise mon travail et toutes ces heures passées pour que l’ensemble soit agréable à l’œil, pratique à la souris et surtout en ligne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et tout ça sans me faire mal au fion niveau facture.

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Tee partie, club sandwich, albatros et chip au dix-neuvième trou

Parfois, dans ton boulot comme dans tes loisirs, tu passes quand même pas mal d’heures devant un ordinateur ou dans un canapé aussi moelleux que le bon Sauternes que tu sirotes en matant des Marseillais aussi débiles qu’incultes en te disant que même le pire de la télé-réalité peut être terriblement addictif. C’est en te levant, que tu entends ton corps te dire :  » hé ducon » oui mon corps est parfois familier avec moi, « je ne voudrais pas te commander ou quoi mais si tu continues comme ça, tu seras comme Nat Turner, l’esclave noir et rebelle à qui Dieu parlait, tu vas filer un mauvais coton ». Face à cette métaphore lingère où mon corps se compare à Dieu, je ne me suis pas dit, « tient voilà du boudin et si je me remettais à faire la cuisine ? » Sauf si tu as été élevé par des mormons aux critères religieux très stricts, la bonne cuisine comporte forcément du vin blanc, des lardons et plusieurs tonnes de matière grasse et pas de l’allégée, de la vraie, de la graisse d’oie. Même si je suis toujours ce garçon un peu fou au charme ravageur, force est de constater que le délicat arrondi que mon ventre prend, semble être de celui qui annoncent un heureux événement et ce n’est pas un chiard, ou alors mon toubib m’aurait menti. Bref, en un mot comme en 3675, je me suis dit qu’il fallait que je me remette au sport.

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Jean-jean a de la bouteille au cul

Adam et Eve … Laurel et Hardi, Roux et Combaluzier, Procter&Gamble, Stone et Charden, Bonnie and Clyde, Castor et Pollux, Omar et Fred, Elie Semoun et Dieudonné, Asterix et Obélix, même les clowns sont tristes à notre époque. Sans sombrer dans la sodomie de diptères et comme disait l’autre, l’autre s’appelant tout de même Paul Verlaine, «  Heureux qui, profitant des plaisirs de la terre, baisant un petit cul, buvant dans un grand verre, remplit l’un, vide l’autre et passe avec gaieté du cul de la bouteille au cul de la beauté. » Oui, j’ai l’âme poétique quand la bouteille de vin nous en dit beaucoup sur nous-même. Dans mon livre de chevet : le manuel des bonnes manières de Nadine le girondine, celle qui pète quand elle se dandine, celle qui a ouvert plus de braguettes que de dictionnaires nous parle de fonds, de fondements, ou plus prosaïquement du cul de bouteille. Comme quoi regarder un cul est toujours instructif ! Une bouteille bien culottée peut ajouter, non seulement de la poésie et du charme au vin, mais aussi lui conférer un petit supplément d’âme.

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Vieilles canailles

J’aime les vieilles canailles, même et surtout dans mon assiette et dans mon verre. Amourettes, frivolités, fraises, béatilles et autres joyeuses, c’est tout un hymne à la langue française, c’est un vocabulaire teinté d’amour et d’humour qui désigne ce que les bouchers appellent « le cinquième quartier« . Autrefois, canaille se disait « chiennaille », de chien (canin), c’était la valeur qu’on accordait à ces mets… juste bons à jeter aux chiens. Aujourd’hui le plat canaille a pris  le sens de polisson, coquin, fripon alors que le nom commun garde son sens originel de voyou, fripouille, vaurien … Dans les festins rabelaisiens, on cuisinait les tripes, la tête de veau, les andouilles, les testicules de béliers ou même la vulve de truie. Cette gastronomie rabelaisienne était teintée d’irrévérence, de facétie, de gourmandise et de libertinage truculent des mets et des mots, le mariage étourdissant entre la chair et la chère.

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Chiton, faux-culs, chlamydia et 50 nuances de grec

Comme promis, j’ai revêtu mon plus beau chiton pour répondre à la question existentielle de Dom : « Το όμορφο μπουκάλι έχει ένα ωραίο κώλο » qu’on pourrait traduire par : une belle bouteille a-t-elle un joli cul ? Comme disait mon ami et célèbre philosophe Ali Pitivinblanc (445 av-JC- 52 ap-JCVD), « Bordel à nouille, c’est une putain de bonne question »! Je vous imagine, transpirant, moite, suintant le mauvais rosé et la chipolata avariée, vous morfondant au chocolat, tremblant et attendant fébrilement la réponse. Premièrement, je ne suis pas venu ici, déguisé en chou pour me faire brouter le cul par des lapins et faire marrer les copains. C’est à ma dose de grossièreté qu’on mesure le degré de morgue que je porte aux incultes et aux faux-culs de toutes espèces. Dans la culture paysanne, le fait de se faire brouter le cul par des lapins est de la plus grande bassesse, et l’on peut affirmer que c’est toujours le cas de nos jours même si le garenne ne court plus les rues, sauf sur les hauteurs de chez moi, alors que les faux derches pullulent comme des lapins. Si l’expression est tombée en désuétude du fait de la disparition progressive desdits brouteurs dans l’environnement urbain moderne, être blâmé de la sorte et c’en est fini de ton honorabilité. Tu es devenu un patte velu, un faux jeton, un tartufe, un faux-culs et que même mes trémoussements n’y feront rien, sinon que de justifier le bal des faux-culs pourtant lui aussi désuet, mais ceci est une autre histoire.

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Le bonheur est un festin de miettes

C’est en écoutant « c’est quand le bonheur » que je me suis dit que je n’aimais pas la variété française, que je n’étais pas converti aux sucrailleuses mélopées de Delerm, Bénabar, Biolay, Cali, Camille, MPokora et consorts quand il pleut. Je suis un traitre à ma patrie musicale, je déteste la chanson française actuelle, un peu comme tout le monde, au fond, mais en pire, comparé à moi, les Khmers rouges sont des humanistes de centre-gauche. En subissant cette chanson, je me suis aussi dit que je ne croyais pas plus au bonheur qu’à la philosophie du bonheur. Je ne crois pas à tous ces marchands de bien-être, de développement personnel, de psychologie positive et taoïste qui nous persuadent que le bonheur ne dépend pas de l’état du monde réel mais du regard que l’on porte sur lui. Va dire à un enfant soldat du Soudan ou du Niger que le prince Harry est l’homme le plus malheureux au monde comme le titre nos journaux. L’idée que le sage est heureux partout, c’est aussi con qu’une bonne publicité. Peut-on être heureux dans un monde malheureux ? C’est une putain de bonne question que m’a posée Ranulphe, cracheur de fistules et prof de philo au Lycée Marc Dutrou de Wevelgem. Pas besoin de faire 30 ans de philo pour comprendre que nous fuyons la douleur, le mal, la solitude et les cons. Que nous préférons tous la joie, les potes, les gueuletons et les petits coups à boire. Le problème, c’est que nous sommes parfaitement capables de définir le malheur et totalement incapable de définir le bonheur.

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Ave, Caesar, morituri te salutant

Dimanche dernier, je me suis fait une petite salade César au poulet, capres et laitue romaine. En la mangeant, je me suis dit que le latin c’était bien mais un peu chiant en me remémorant des souvenirs d’enfance, surtout le rital du deuxième, normand pas sa mère et italien par un ami de son père. Sa femme était blanche comme une merde de laitier, sans défense, heureusement, c’est la seule chose qui la différenciait d’un éléphant albinos. A l’école le latin m’a toujours beaucoup plu, mais à ma façon. L’expression « Pede pœna claudo » ne voulait pas dire « Le châtiment suit le crime en boitant » mais « on peut être clodo et homo » comme « Ave Caesar, morituri te salutant » voulait dire : « Té vé, César ! Les morilles, avé du riz, ça te fait du bieng !« . J’ai toujours aimé simplifier les choses. Si nous sommes à l’aube d’une catastrophe climatique, c’est la faute au latin, la faute au striatum, une partie de notre cerveau qui fait la taille d’une grosse prune. C’est ce striatum qui nous donne du plaisir en libérant de la dopamine, l’hormone du plaisir. Si l’homme ne parvient pas à s’arrêter de détruire la planète, c’est à cause du striatum, qui l’empêche de se limiter de produire et de consommer. Cela m’a interpellé. Je me suis dit qu’il y avait un bug chez l’homme, en clair, l’homme détruit son environnement en se servant de son intelligence exceptionnelle.

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De la tripe au cerveau, splendeurs et viscères

Il y a deux choses que j’aime par-dessus tous, les tripes et l’esprit, et encore mieux, manger des tripes avec des gens d’esprit. Nos tripes disent qui nous sommes. Les angoissés ont l’estomac noué, certains avancent la peur au ventre, d’autres digèrent mal les mauvaises nouvelles, se font de la bile, les lâches manquent de tripes, certains ont tellement peur qu’ils se font dans le froc … Même si elles cristallisent les tabous et l’embarras, on se rend compte que nos tripes sont omniprésentes dans le langage courant, et que toutes ces expressions peuvent être démontrées scientifiquement ! Comble du bonheur, tripes et esprits, c’est une anagramme ! Le lien est fait via le nerf sympathique ! ça ne s’invente pas.

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Au bal des pépés, c’est Goethe qui compte les bouses à la fin

Il y a plein de choses qui m’énerve dans la vie, les chauves qui portent des lunettes de soleil sur la tête, les gens qui dépassent dans une file d’attente, les gens qui crachent par terre, être mis en attente, l’impolitesse en général et tous ces gens qui te prennent pour un con. Dans le vin, ce qui m’énerve, c’est le manque d’ouverture d’esprit, ceux qui pensent que, parce que c’est nature, c’est forcément bon, ou à contrario, ceux qui pensent que si c’est nature, c’est fait par un écolo-bobo suceur de graines germés qui a commis une bouse. Le schisme est consommé, dénaturé, la discorde est totale, plus que la véritable recette des Carbonara avec ou sans crème, les nouveaux pête-couilles du vins sont arrivés et se livrent un combat sans merci où le vin ne sortira pas gagnant. Les deux camps m’énervent, c’est un peu comme si on te demandais si tu préférais tes hémorroïdes, interne ou externes ? Mais pourquoi le vin fait-il de nous des horribles réacs ? Pas plus tard qu’hier, dans une dégustation, un type que je ne connais ni d’Eve, ni des dents, me demande :

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