Dylan est l’opium du peuple

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Il n’y a pas si longtemps, la religion était l’opium du peuple. Une promesse de monde meilleur, faite aux prolétaires pour différer la révolte, ici-bas. Mais c’était surtout une illusion profitable aux classes dominantes, une idée qui conforte leur pouvoir. Aujourd’hui, les jeux et la télévision sont le nouvel opium du peuple et en ce moment, les jeux olympiques télévisée nous détourne de la réalité.  Alors, pour m’endormir, j’ai le choix entre une bonne partie de curling acrobatique, la vie des pandas roux en milieu neigeux ou un zapping sur mes 200 chaines, dont 195 que je ne regarde jamais. Et bien m’en a pris, je suis tombé sur « Sundance TV » et sur un extraordinaire documentaire : Lost Songs : The Basement Tapes Continued.

En 1967, après un accident de moto, Bob Dylan annule ses concerts et part se reposer, avec les membres de « The Band« , dans leur maison de campagne, appelée « Big Pink« . Ensemble, ils composent et enregistrent une foultitude de chansons. Dylan, en désaccord avec sa compagnie de disque, n’a pas l’intention de leur donner ses enregistrements. Il préféra perdre les droits d’auteur, donner quelques chansons à d’autres artistes, certaines chansons ont fait l’objet d’un album pirate (Great White Wonder) et d’autres texte n’ont jamais été mis en musique.

47 ans plus tard, T Bone Burnett, musicien reconnu, ami de Bob Dylan et producteur, avec l’accord du grand Bob, réuni un incroyable collectif de musiciens pour mettre en musique, 47 ans plus tard, 16 textes inédits, écrits durant les mythiques séances de « The Basement Tapes » de 1967.  Les musiciens vont vivre ensemble et se succéder pour faire revivre les textes du prix Nobel de littérature. Le film offre un regard intime sur la genèse de l’album « Lost on the river« , avec en arrière-plan l’incroyable héritage de Bob Dylan & the Band.  Un documentaire de cette qualité est assez rare. Il nous permet de découvrir les dessous de la création. Les doutes, les fulgurances et les moments magiques de pure créativité. Souvent, les « making off » nous livrent un produit ficelé, terminé. Dans « The new Basement tapes« , c’est tout le contraire, les artistes sont au travail, ils essaient, se trompent, réessaient, se motivent, s’accordent puis se lancent. Parfois, ils pataugent, cherche d’autres sonorités, d’autres d’accords, laissent tomber un morceau, puis y reviennent, pour finalement en sortir une chanson sublime qui donnera son titre à l’album « Lost on the river« .

« Lost Songs – The Basement Tapes Continued« , c’est de la pure créativité, du bonheur en musique. C’est surtout six artistes de grande envergure : T Bone Burnett (Ancien guitariste de Bob Dylan et producteur, entre autres de Roy Orbison et Elton John), Rhiannon Giddens (Carolina Chocolate Drops), Taylor Goldsmith (Dawes), Jim James (My Morning Jacket), Marcus Mumford (Mumford & sons) et bien sûr Elvis Costello que l’on ne présente plus. Ils seront aidés par quelques autres musiciens dont Johnny Depp à la guitare. Tous ont un point commun : une fascination hors norme pour cet artiste incroyable qu’est Bob Dylan. Chacun va apporter sa pierre à l’édifice, ils vont se soutenir, se donner à chacun de la voix, de l’inspiration, des clés de réussite, sans jamais chercher à tirer la couverture à eux. Lost Songs : The Basement Tapes Continued est un documentaire exceptionnel, mêlant images de 1967 et 2014, saisissant de précision, d’originalité qui nous permet d’entrer au cœur de la création musicale, c’est aussi un album magnifique à découvrir absolument.