Théorie du dualisme minéral et autres cauchemars

Longtemps l’apanage des eaux, la minéralité envahie le monde de la dégustation du vin. La minéralité est un qualificatif de plus en plus utilisé. Pourtant il existe depuis toujours. Pendant longtemps, en Alsace, c’était le goût de pétrole, en Bourgogne, ce sont des odeurs soufrées, de silex, de poudre à canon, des arômes brûlés, voire oxydés. Dans d’autres régions, la minéralité s’apparente à la mine de crayon, au graphite, ou encore à l’encre. Pour avoir goûté en compagnie de quelques stakhanovistes du goulot, il semblerait qu’un vin minéral ait plutôt une acidité marquée et qu’il soit un rien austère. Le mot « minéralité » est souvent employé mais jamais défini. Et c’est là son principal problème. Tout d’abord, la minéralité est une notion subjective, donc non mesurable, contrairement à l’acidité. Et, non contente d’être une notion on ne peut plus subjective, elle peut recouvrir des choses assez différentes. D’abord, et c’est le côté le plus facile, il y a les arômes dits minéraux que l’on trouve dans certains vins : les arômes de pierre à fusil, de silex, de pierre sèche et on peut même y ajouter les arômes pétrolés bien que l’origine des arômes pétrolés soit discutable et discutée. Nous avons également la minéralité en bouche, les notes salines sont souvent qualifiées de minérales, ce sont des impressions tactiles ou gustatives et les explications ou définitions avancées sont toujours faciles à tourner en dérision. Pour certains, « minéral » s’opposerait à « pute »! Un nouveau messie autoproclamé de la dégustation n’hésite pas dans un de ses commentaires à dire : « un vin à la minéralité sous-jacente qui exhale des parfums d’eau de vie et termine sur une eau de roche … » Jésus transformait l’eau en vin, notre Messie vineux nous la fait à l’envers …

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C’est quand le bonheur ?

Ça y est, la fin de l’été pointe déjà son nez, la rentrée est au coin de la rue. Il va falloir repartir au turbin, rentrer dans le rang et se rasseoir devant son verre à moitié plein ou à moitié vide, ce sera selon votre humeur et votre propension à vouloir être heureux. Être heureux est l’aspiration prioritaire de tous, très loin devant trouver le sens de la vie, devenir riche, gagner la coupe du monde de foot ou encore s’assurer le paradis, avec ou sans les 72 vièrges. Il parait même que c’est à soixante ans qu’on est le plus heureux. Ça tombe bien, je viens de les avoir et si vous avez deux ou trois plombes devant vous, je peux vous faire la liste des choses qui me rendent heureux. Ma famille, mes amis, mon boulot, enfin pas tous les jours, un Meursault bien frais, un solo de Gilmour, une redif de Gran Torino, un bon match de foot, un plat de Carbonara bien poivré, un Côté Rôtie marquée par la pierre, pousser la porte d’une boulangerie quand le pain sort du four, une partie de pétanque sous le cagnard, recevoir un compliment et ne pas le mettre en doute, profiter des premiers coups de froid pour hiberner sous la couette devant confession intime, offrir un cadeau sans raison particulière, manger du chocolat à la noisette, jouer avec du papier bulle, cuisiner des souris d’agneau, une bonne BD, une soirée entre soiffards, un foie de veau purée, ouvrir un œil le matin, regarder le réveil et me rendormir aussi sec. Je pourrais continuer comme ça très longtemps mais se serait vite chiant.

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