Les grands esprits se rencontrent, hélas les petits aussi

Jeudi dernier, à la cantine, j’étais en train de terminer mon île flottante, absorbé dans mes pensées comme un aigle royal qui se laisse emporter par le vent de la steppe, quand une collègue a coupé net mon vol majestueux, m’a regardé avec étonnement, puis m’a demandé si tout allait bien avec l’air de penser que j’étais en train de burnouter. J’ai eu l’irrépressible envie de lui rétorquer quelques amabilités du genre qu’elle était plus belle de fesses que de face, qu’elle tenait surement beaucoup mieux sur le dos qu’une chèvre sur ses cornes, qu’elle était tellement conne que si elle voyait une plus conne qu’elle dans un bocal, elle casserait le bocal pour prendre sa place ! j’aurai certainement fini par avouer à cette ex-majorette que la seule différence entre elle et un cheval, tient en un seul chromosome, un seul, celui qui l’empêche de chier en défilant. Comme j’ai été bien élevé par quelques moines cisterciens et que passer pour un goujat n’est pas dans mes habitudes, j’ai eu un éclair de génie. Je l’ai regardée et je lui ai dit : « Elämä on yksisilmäinen huora ja jälkiruokani on hänen silmänsä ».

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Vous n’aurez pas l’Alsace et ma migraine

Il était quoi ? 7H47, à peine plus, pas moins non plus d’ailleurs. C’est une soif monstrueuse et une haleine de chacal qui m’ont réveillé. Je me lève, je la bouscule, comme d’habitude. La journée va être longue et probablement laborieuse. 4 heures de sommeil, à peine plus. Vous êtes combien ? Dis-je au troupeau de saumons qui s’amuse dans ma baignoire. 7 mon Colonel, me répond le plus gros, on attend la choucroute pour rentrer chez nous. Gardez-m’en une tranche, leur dis-je d’un ton alerte à Malibu. Je rampe jusqu’à la cuisine, Philou le Breton y a passé la nuit, il arbore une magnifique cape de mousquetaire, un masque de Batman et une couche Pamper’s Baby Dry. Il me lance un couteau de cuisine au visage en finissant une énorme andouillette purée qu’il a saucé au miel. Entre deux bouchées à faire pâlir un Sénégalais, il lâche Milou, son doberman habillé par Karl Lagerfeld et va se cacher dans le four.  Salut Portos, lui lance-je en même temps que son couteau de cuisine et les oreilles de son clébard. Reste dans le four, t’es déjà farci comme une paupiette, je vais t’arroser au Sylvaner et je te boufferai à midi.

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La fascination du charmeur de serpent

Fascination est l’un de mes mots préférés, comme hypnotique, obsession, énigmatique, concupiscent, anachorète, cénobite, sycophante, jaculatoire, nyctalope, putatif ou camerlingue. J’aime être fascinée. J’aime les mots compliqués et les choses simples. La fascination apporte un mélange de rêve et d’abandon confiant. La fascination peut mener au meilleur comme au pire, elle entretient la passion, mais le risque est de perdre son libre arbitre, sa volonté, comme la paralysie saisit la victime d’un charmeur de serpent. Ça tombe bien, nous sommes justement réunis chez un charmeur de serpent, un toqué de la tocante, le Quasimodo du carré de bœuf. Des steppes de Géorgie, des pentes de l’Etna, des hauteurs du Golan, des croix de Bourgogne ou des coteaux de Champagne, il a arpenté le monde pour entretenir notre fascination du vin. Dans ce Panthéon dionysiaque, la table est tout aussi importante, elle accompagne le plaisir de boire, elle permet d’établir un lien entre ce plaisir et l’objet du plaisir. Et en parlant d’objet du plaisir, puisqu’on n’est pas là pour être ailleurs, on commence par quelques Champagnes pour rendre un hommage à Jacques, qui nous fait remarquer deux, trois pendus attablés qui sont venus sans cravate.

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