Prolégomènes asymétriques, psittacismes italiens et petit nouveau

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Je ne vais pas te le cacher plus longtemps, si j’ai taillé mon clavier pour t’écrire, c’est la faute à l’héritage pitoyable de mai 68, aux attentats du 11 septembre, à la crise du COVID, à Sarkozy, à Poutine, aux pluies de sable de mars et à ma prochaine déclaration d’impôts. En remplissant ma 2072-S/C avec joie et fébrilité afin de payer cet impôt juste mais néanmoins cruel qui nous frappe tous, j’eu un doute pernicieux, ne m’étais-je pas leurré en case XW8? En effet, je ne souhaite pas payer de redevance audiovisuelle, au prétexte que la télé c’est de la merde cathodique, même le dimanche, jour des gros manches. Si cette exonération dérogatoire est ordinairement possible, au regard du CGI art125B alinéa 259, je devrais, a contrario, cocher la case GZ25 et payer la taxe « j’échappe à la télé donc je suis moins con que la moyenne », ce qui induit une taxe égale au double de la redevance susnommée.

L’État providentiel ayant grandement besoin de mon argent pour jeter des ponts entre la terre et le ciel, entre les divins et les mortels contribuables. Même s’il a inventé des principes aussi raffinés, sophistiqués et machiavélique tels que l’imposition sur les plus-values immobilière, le fonctionnaire des impôts, est par essence, bien trop incultes pour comprendre que je préfère placer mon argent en Barolo plutôt que de distribuer des pots de vin à des œuvres caritatives comme nos grandes entreprises nationales et amadouer les oligarques du monde entier. Bref, je me dis que distribuer des pots-de-vin fait partie de notre culture et que ce prolégomènes ostentatoire était juste assez long pour me passer d’une introduction intelligente et comme le disait si finement le poète Hongrois, Nicolas Sarkozy, « la France, tu l’aimes et tu t’acquittes ». On voit bien qu’il ne connaissait pas bien l’Italie, ses vins et les ambassadeurs de la dolce Vita pour célébrer l’Italie que les Grecs anciens l’appelaient Oinotria, la patrie des vins avec, en prime, quelques vins issus de la soirée de la veille, puisqu’il faut bien un peu de psittacisme vineux pour pimenter notre soirée. Pronto pronto !

Assemblage de Pinot blanc et de Riesling, c’est vif, puisant, herbacé, racine, citronné avec des fines bulles. Très agréable pour commencer Amplitude Pierre Frick

Un vin très mûr, minéral, sur les fruits jaunes, les fleurs blanches. En bouche, grosse matière, tendu et avec une longue finale. Bosco et Albarola, deux cépages endémiques Italiens Bien+ Cinque Terre Elio Altare

Une robe orangée, un nez mûr et salin … Pas de doute, c’est du nature, un assemblage de sauvignon extra-terrestre avec 5% de Pedro Ximenez, le tout est complété avec du jus de goutte jusqu’à ce que la fermentation soit terminée. Il faut aimer les grosses sensations, les vins différents. Légèrement carbo, fruits exotiques, épices, tabac, complexité, longueur, originalité,  on adore ou on déteste … J’adore Wildman Blanc Sauvignon  2020 Domaine Lucy Margaux (Anton Van Klopper)  Australie (*)

 Un nez sur les amandes, le miel de fleurs, les agrumes confit et pétard. La bouche est fraiche, ample, avec une belle finale. El bandito Mangaliza 2019 Testalonga  Swartland, Afrique du Sud(*)

2005 et encore dans sa prime jeunesse. Crème brlée, caramel, grand Marnier, fruits exotiques, abricot, superbe nez. Bouche ample, un peu de botrytis, tourbe et longue finale sur les amandes. Un potentiel de vieillissement hors norme. Excellent Y d’Yquem 2005

Pour une soirée italienne, Australie, Afrique du Sud, Y d’Yquem, ça ne fait pas sérieux ! sérieux ! Mais revoilà que je psittacise. Mais qu’est-ce que cet oiseau-là ? L’oiseau qui se rapproche le plus serait en perroquet, le psittacisme est en effet le fait de répéter plusieurs fois quelque chose sans en comprendre vraiment le sens. Un peu comme JeanDa répétant : tannique, tannique, tannique devant un Barolo tout en s’épilant les pistaches avec son couteau de chasse. Sachez enfin que le psittacisme peut être employé à bon escient : en effet, il faut en moyenne répéter 23 fois un mot inconnu pour que celui-ci soit enregistré par notre cerveau. Allons y donc gaiement, psittacisme, psittacisme, psittacisme, psittacisme, psittacisme, …. J’en ai presque oublié de vous présenter le petit nouveau de la bande. Il a un prénom de saint, d’agneau, ou de chanteur chauve, c’est selon. Il est trapu, costaud et seigneur comme un matin de Naples, aussi communicatif et enthousiaste qu’un contrôleur SNCF, un grand gaillard austère qui aurait pu être adjudant, jovial comme un huissier dépressif, coriace comme un inspecteur des finances, deux yeux boursouflés d’amphibien, presque opaque, d’un bleu délavé, mais animés par une lueur vineuse, indicible, hypnotisant et aussi mobile que ceux d’un caméléon. Ajoutez un nez de boxeur tchétchène, des narines à la bebel, des oreilles en escalope et une bouche qui oscille entre Donatella Versace et le mérou. Une coupe de cheveux genre typhon sur une champ de poireau et vous aurez une photo presque parfaite dudit nouveau. Une tronche de barbouze ! S’il en était, il serait dans la branche de spécialistes pour faire roter les Portugais. Bref, toutes les qualités pour faire un bon soiffard.

Léger perlant, nez de framboise, de mûre, un peu de carbo, un peu de volatile et de l’amande. La bouche est gourmande, tendue et longue. Très bien Noir de Florette 2020 Domaine Lucy Margaux (*)

Robe un peu trouble, légère volatile, griotte, framboise, c’est croquant. La bouche est un peu tannique, légèrement âpre, mais avec une fraicheur et une longueur agréable. Bien Erre 2015 Aglianico del Beneventano

Nez de mûre, de framboise, d’épices et de livèches. La bouche est dense, structuré sur de beaux tannins lisses, fraiche et dotée d’une longue finale épicée. Bien+  Nantiechia 2015 Pietro Caciorgna

Ce Châteauneuf est composé des treize cépages de l’appellation. Fruits rouges et noirs, épices, ça reste un peu mutique. Bouche moderne, élevée, amandée, tannins doux, petite fraicheur. A attendre sans hâte. Un infanticide. Bien Châteauneuf du Pape Beaurenard 2015 Bran partita

Nez léger et un peu instable (volatile), kirsch, griotte, rose. Une bouche avec un brin d’amertume, de l’élevage mal intégré et une charge tannique très présence. Un manque d’équilibre et de charme. Bien Barbaresco in Neive 2015 Fabio Gea

Un nez de fraise, framboise, rose fanée, violette. Une bouche magnifique, avec un fruit très pur, d’une grande finesse avec des tannins d’une grande douceur. Long, très long. Très bien Barolo 2014 Mascarelo

Nez sur le noyau de cerise, épices, cigare, framboise et rose. La bouche est ample, mais ne manque pas de finesse et d’élégance. Belle acidité et longue finale sur la rose fanée. Excellent Barolo Le Vigne 2008 Lucciano Sandrone

Nez de prunes très mûres, de figue et de garrigue. La bouche est portée par une grande acidité, un joli fruit et une belle finale. Très bien  Brunello di Montalcino 2010 Fossacolle

Joli nez mentholé avec un beau fruit mûr et des notes de fruits secs. La bouche est souple, les tannins sont présents, marqués, petite persistance. Bien Saffredi 2010 Fattotia le Pupille

Nez de fraise, framboise, moka, garrigues et d’herbes médicinale. La bouche est perturbante, grosse acidité, astringence, grande fraicheur finale. Bien Bricco Rocche 2009 Cerreto

Une robe peu colorée, un superbe nez de groseille, de prune, d’herbe mentholée, de ronce et de réglisse. La bouche est juteuse, ronde, les tannins sont doux, agréables, l’élevage discret, le fruit très présent. C’est très fin, porté par une belle acidité qui étire une très longue finale marquée par des notes de chocolat noir. Un Barolo léger et très distingué. J’aime beaucoup. Excellent Barolo 2004 Pio Cesare

100% Sangiovese. Un nez délicat, sur les fruits rouges, de la cerise, des épices, un peu de racine et de menthe fraiche. En bouche, c’est très équilibré, gourmand, structuré et racé. L’élevage est discret et la finale est fraiche et longue. Excellent Poggio di Sotto 2016

Une robe sombre presque noire. Des notes de cerise, de cassis, de truffe, de café, de cèdre et de framboise. La bouche est structurée, dense, les tannins sont doux, l’acidité est importante mais maitrisée et porte une grande finale fruitée.  Encore très jeune. Excellent Sassicaia 2011

Assemblage de 87% de Cabernet Sauvignon, 8% de Cabernet Franc et 5% de Merlot. Un nez incroyablement pur, cassis, mûre, fleurs capiteuses, cèdre, menthe fraiche. La bouche est tout en subtilité, l’élevage est discret, maitrisé, c’est sphérique, une boule de plaisir, des tannins présents et doux et une longue finale sur des notes de tabac blond. Grand Vin Screaming Eagle 2009 Nappa Valley (*)

Comme tout amateur de vin, j’ai été victime de l’attraction irrésistible pour les grands flacons inaccessibles comme cet aigle hurlant. Après avoir détourné la caisse de l’amicale bouliste du coin, vient le moment tant attendu, la dégustation fébrile de la bouteille. Et alors ? Souvent, devant pareille bouteille, une flasque déception vous submerge. Était-ce bon ? Oui, très bon même, mais si peu en rapport avec ce que l’on avait imaginé. Comme en matière de sexe, assouvir son fantasme n’est que rarement satisfaisant. La seule consolation est de pouvoir dire : Je l’ai bu, avec un rictus en coin et une lueur sournoise dans la pupille afin de vicieusement nourrir le fantasme dans l’esprit de l’autre. On se venge comme on peut. Mais pourquoi les grands vins du monde me fascinent autant ?  J’ai d’abord envisagé ce que mon psychiatre désigne comme un psittacisme ordinaire, un trouble du langage qui consiste à ce qu’une personne répète automatiquement les paroles d’autrui. Il m’a expliqué que comme j’étais déjà schizophrène bipolaire à tendance paranoïaque cyclothymique, je me répétais inlassablement ce que je me disais par ailleurs. Un type d’explication de l’asymétrie causale qui prendrait comme points de départ la direction de processus causaux réels ou encore les analogies structurelles entre les propriétés temporelles et les propriétés des relations causales. Ce type d’explication ne propose pas de réduire la causalité à une notion qui serait plus primitive qu’elle-même. Au contraire, elle tend même à faire de l’ordre causal la raison de l’ordre temporel. Des philosophes célèbres ont néanmoins considéré qu’une chaîne causale pouvait être considérée, en général et de manière primitive, en termes de dépendance contrefactuelle : C cause E si et seulement si, si C n’avait pas eu lieu, alors E n’aurait pas eu lieu. L’intérêt d’une telle équivalence est qu’elle permet d’appliquer aux liaisons ou aux processus causaux, déterministes ou non, l’analyse sémantique des énoncés contrefactuels développée par ailleurs. C’est une troche mon psychiatre ! C’est simple, non ? J’aime les vins italiens parce que j’aime les vins italiens. Et je n’ai jamais abusé du Barolo, il a toujours été consentant.

(*) vins bus hors soirée