A la foire aux cancres, on compte les bouses à la fin

Ce soir, c’est le bal des cancres, nos deux profs désagrégés ont invité deux autres profs pour nous faire la leçon de terroir. On a quand même à faire à l’élite de l’institution scolaire, celle de Jules Ferry, pas Jean, celui qui a inventé l’instruction obligatoire, mais aussi laïque. C’est à ce moment que le sacré a laissé la place à l’élu, l’auguste, l’instituteur … Celui qui a pour mission, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage, du calcul, du glandage et de la cancritude. Avec ce genre de prof, l’échelle des valeurs est en train de perdre ses barreaux. Rousseau, pas Armand, mais Jean-Jacques, a dit, l’homme est naturellement bon, c’est sûr, il ne connaissait pas Rage et JeanDa. Avec nos deux maitres es cépage, c’est le cercle des dégustateurs disparus. Dans ce duo de chevalier du partiel, celui qui me fascine, c’est JeanDa, il est capable d’expliquer tout ce que tu veux savoir sur un vin, sans même le connaitre, sans jamais l’avoir bu, c’est sa force ! JeanDa, pour qui, ne pas pouvoir revenir en arrière est une forme de progression, dispose de six sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher, le mauvais goût et la tanicité. C’est un excellent skieur, même si ces élèves pensent qui ferait mieux de faire de l’avalanche plutôt que du ski.

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L’idéal pique-nique d’un chimiste idéaliste

Chez le serpent, on a nos habitudes, quand le thermomètre consent enfin à monter dans les tours, on organise « the pique-nique » à la belle étoile. Attention, il ne s’agit pas ici d’un vulgaire casse-croûte vite fait, mal fait, d’un gouter de chérubins libidineux, d’une collation de bobo ou d’un mâchon avec boites manufacturées, genre chips goût barbecue scandinave, d’une ration de combat tchétchène ou d’une salade de nouilles sous préservatif. Non, chez le serpent, c’est du lourd, du fait main, du pénible pour l’estomac, il faut que ça envoie des calories, que ça fouette les papilles et le nez, que ça cause au gosier question jus de raisin. Attention, il ne faut pas venir avec de la futaille de chardonnay, c’est pas un menu sur l’herbe à galipette qu’on prépare, c’est un déjeuner de rois, de princes, la tournée des grands-ducs de Bourgogne, un festin campagnard, des ripailles bocagères, pas une partouze à vinasse. Pour ce qui concerne les us et coutumes, le Jeanda s’accroche à son train de côte de bœuf comme la vérole au bas clergé, il lui faut sa viande amoureusement cuite dans le vin blanc avec un train d’oignons nouveaux et une rafale de légumes. On lui oppose la jurisprudence soiffarde, jamais le même plat deux années de suite.…

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