Les grands esprits se rencontrent, hélas les petits aussi

Jeudi dernier, à la cantine, j’étais en train de terminer mon île flottante, absorbé dans mes pensées comme un aigle royal qui se laisse emporter par le vent de la steppe, quand une collègue a coupé net mon vol majestueux, m’a regardé avec étonnement, puis m’a demandé si tout allait bien avec l’air de penser que j’étais en train de burnouter. J’ai eu l’irrépressible envie de lui rétorquer quelques amabilités du genre qu’elle était plus belle de fesses que de face, qu’elle tenait surement beaucoup mieux sur le dos qu’une chèvre sur ses cornes, qu’elle était tellement conne que si elle voyait une plus conne qu’elle dans un bocal, elle casserait le bocal pour prendre sa place ! j’aurai certainement fini par avouer à cette ex-majorette que la seule différence entre elle et un cheval, tient en un seul chromosome, un seul, celui qui l’empêche de chier en défilant. Comme j’ai été bien élevé par quelques moines cisterciens et que passer pour un goujat n’est pas dans mes habitudes, j’ai eu un éclair de génie. Je l’ai regardée et je lui ai dit : « Elämä on yksisilmäinen huora ja jälkiruokani on hänen silmänsä ».

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De la tripe au cerveau, splendeurs et viscères

Il y a deux choses que j’aime par-dessus tous, les tripes et l’esprit, et encore mieux, manger des tripes avec des gens d’esprit. Nos tripes disent qui nous sommes. Les angoissés ont l’estomac noué, certains avancent la peur au ventre, d’autres digèrent mal les mauvaises nouvelles, se font de la bile, les lâches manquent de tripes, certains ont tellement peur qu’ils se font dans le froc … Même si elles cristallisent les tabous et l’embarras, on se rend compte que nos tripes sont omniprésentes dans le langage courant, et que toutes ces expressions peuvent être démontrées scientifiquement ! Comble du bonheur, tripes et esprits, c’est une anagramme ! Le lien est fait via le nerf sympathique ! ça ne s’invente pas.

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A la foire aux cancres, on compte les bouses à la fin

Ce soir, c’est le bal des cancres, nos deux profs désagrégés ont invité deux autres profs pour nous faire la leçon de terroir. On a quand même à faire à l’élite de l’institution scolaire, celle de Jules Ferry, pas Jean, celui qui a inventé l’instruction obligatoire, mais aussi laïque. C’est à ce moment que le sacré a laissé la place à l’élu, l’auguste, l’instituteur … Celui qui a pour mission, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage, du calcul, du glandage et de la cancritude. Avec ce genre de prof, l’échelle des valeurs est en train de perdre ses barreaux. Rousseau, pas Armand, mais Jean-Jacques, a dit, l’homme est naturellement bon, c’est sûr, il ne connaissait pas Rage et JeanDa. Avec nos deux maitres es cépage, c’est le cercle des dégustateurs disparus. Dans ce duo de chevalier du partiel, celui qui me fascine, c’est JeanDa, il est capable d’expliquer tout ce que tu veux savoir sur un vin, sans même le connaitre, sans jamais l’avoir bu, c’est sa force ! JeanDa, pour qui, ne pas pouvoir revenir en arrière est une forme de progression, dispose de six sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher, le mauvais goût et la tanicité. C’est un excellent skieur, même si ces élèves pensent qui ferait mieux de faire de l’avalanche plutôt que du ski.

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Amphore et contre tous, le tonneau des Danaïdes

Non, les Danaïdes n’étaient pas des soiffardes, toujours promptes à aller s’abreuver aux amphores qui trainaient çà et là. Il y a bien longtemps, aux environs de ce qui est aujourd’hui l’Égypte et la Libye, vivait deux frères, Égyptos et Danaos. Le premier a eu cinquante garçons, le veinard, le second cinquante filles, pas de bol, la dot allait être sévèrement burnée, ou pas. À la suite d’une vague dispute de frangin au sujet de l’héritage du dabe, Danaos fuit avec sa nombreuse progéniture en Argolide, située dans la péninsule du Péloponnèse. A peine installé que voilà ti pas que les fils d’Égyptos, les cousins des filles de Danaos, les danaïdes, j’espère que vous suivez, se joignent à eux. Aussi sont sec, si je puis dire, les 50 mecs demandent en mariage les 50 demoiselles. Le daron n’est pas très favorable à ces unions, le banquet risque de lui déplumer le larfeuille. Malin, il fait semblant d’accepter et demande à chacune de ses filles de trucider son époux lors de la nuit de noces. Toutes acceptent, sauf Hypermnestre mariée à Lyncée qui a eu la bonne idée de préserver la virginité de sa future épouse. Plus tard, Lyncée se chargera de trucider son beau-père et ses quarante-neuf cousines entretemps remariées. Cette histoire a tourné au carnage façon « une nuit en enfer » mais, au désespoir de JeanDa, sans Salma Hayek. Mais, c’est bien en enfer que les danaïdes seront envoyées. C’est dans ce charmant lieu de villégiature que, en guise de punition, on leur confia la difficile tâche de remplir sans fin un tonneau au fond percé. Le genre de tâche inutile et interminable, un peu comme Sisyphe et son rocher, une tâche ingrate, à laquelle notre bon docteur Mabuse, si je ne m’abuse, va s’atteler ce soir. Nous verser des vins d’amphore, encore et encore, et ça continue encore et encore ! C’est que le début, d’accord, d’accord ! Et tenter, à l’image des Danaïdes, en vain et contre tous, de remplir notre cerveau inculte et réfractaire aux vins différents.

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