Oui, nos verres ont une mémoire, la mémoire de ce que nous avons grumer, bu, gouter, déguster, savourer et parfois même recracher. Se souvenir des belles quilles ! J’ai une excellente mémoire, pas assez bonne pour me souvenir où j’ai bien pu mettre mes clés de voiture, mais suffisante pour me souvenir d’un extraordinaire Monbazillac 1937 qui avait grignoté tous ses sucres, d’un non moins superbe Barolo Montfortino de Conterno qui avait mangé ses tannins. Je me souviens d’un anniversaire très british, un tourbillon de grands vins, Montrachet DRC, Riesling Hugel VT 1953, Chave 1990 et un extraordinaire Haut-Brion 1933. Je pourrais ajouter un fou rire avec un Amarone, la bergamote d’un Clos du Mesnil 1990, la rose d’un Richebourg 99 ou d’un Clos de Bèze 1999 de Groffier, le touché de bouche d’une Conti 1996, la violette d’une Mouline 1999, le bois de santal d’une Unico Especial, l’empreinte de la lave dans un Rangen SGN 1998, la classe pure d’un Latour 1975, la douceur d’un Musigny 2001 de Vogüé ou une Astéroïde pour aller direct dans les étoiles.