Fascination est l’un de mes mots préférés, comme hypnotique, obsession, énigmatique, concupiscent, anachorète, cénobite, sycophante, jaculatoire, nyctalope, putatif ou camerlingue. J’aime être fascinée. J’aime les mots compliqués et les choses simples. La fascination apporte un mélange de rêve et d’abandon confiant. La fascination peut mener au meilleur comme au pire, elle entretient la passion, mais le risque est de perdre son libre arbitre, sa volonté, comme la paralysie saisit la victime d’un charmeur de serpent. Ça tombe bien, nous sommes justement réunis chez un charmeur de serpent, un toqué de la tocante, le Quasimodo du carré de bœuf. Des steppes de Géorgie, des pentes de l’Etna, des hauteurs du Golan, des croix de Bourgogne ou des coteaux de Champagne, il a arpenté le monde pour entretenir notre fascination du vin. Dans ce Panthéon dionysiaque, la table est tout aussi importante, elle accompagne le plaisir de boire, elle permet d’établir un lien entre ce plaisir et l’objet du plaisir. Et en parlant d’objet du plaisir, puisqu’on n’est pas là pour être ailleurs, on commence par quelques Champagnes pour rendre un hommage à Jacques, qui nous fait remarquer deux, trois pendus attablés qui sont venus sans cravate.
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