A la foire aux cancres, on compte les bouses à la fin

Ce soir, c’est le bal des cancres, nos deux profs désagrégés ont invité deux autres profs pour nous faire la leçon de terroir. On a quand même à faire à l’élite de l’institution scolaire, celle de Jules Ferry, pas Jean, celui qui a inventé l’instruction obligatoire, mais aussi laïque. C’est à ce moment que le sacré a laissé la place à l’élu, l’auguste, l’instituteur … Celui qui a pour mission, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage, du calcul, du glandage et de la cancritude. Avec ce genre de prof, l’échelle des valeurs est en train de perdre ses barreaux. Rousseau, pas Armand, mais Jean-Jacques, a dit, l’homme est naturellement bon, c’est sûr, il ne connaissait pas Rage et JeanDa. Avec nos deux maitres es cépage, c’est le cercle des dégustateurs disparus. Dans ce duo de chevalier du partiel, celui qui me fascine, c’est JeanDa, il est capable d’expliquer tout ce que tu veux savoir sur un vin, sans même le connaitre, sans jamais l’avoir bu, c’est sa force ! JeanDa, pour qui, ne pas pouvoir revenir en arrière est une forme de progression, dispose de six sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher, le mauvais goût et la tanicité. C’est un excellent skieur, même si ces élèves pensent qui ferait mieux de faire de l’avalanche plutôt que du ski.

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Cet obscur objet du désir, putain de Zeus

De couvre-feu en confinement, nous avons pris conscience que des petites choses auxquelles nous n’accordions pas trop d’importance avant l’arrivée de la pandémie étaient plus importantes que ce que nous pensions. Un apéro entre potes, une ballade en forêts, un petit tour en voiture, un repas bien arrosé, du pécu, le shopping, un petit voyage, un coiffeur. Dans cette guéguerre contre le coronavirus, il n’y avait plus de pénurie que d’ennemi à affronter. Il y a bien internet et ses anges livreurs pour m’apaiser, les réseaux sociaux et leurs fake news pour m’énerver, les coachs sportifs avec leurs tutos à la con, des milliers d’activités à faire seul avec un belle photo de palmiers et de mer turquoise en fonds d’écran. Sur les réseaux sociaux, une palanqué de citoyens, à travers le monde, partagent en ligne leur mal-être, j’ai accès à tout et pourtant il me manque l’essentiel. Avant, c’était avant, j’étais libre de faire ce que bon me semblais, et je ne le faisais pas, et maintenant que ces habitudes sont un souvenirs, ils me manquent. Râler, c’est comme désirer, c’est l’essence même de l’homme. Nous entretenons tous une relation difficile et ambiguë avec nos besoins et nos pulsions, une sorte d’attirante répulsion.

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L’Anglais sur le goût de la langue

J’ai trois souvenir de mon dernier passage à Londres. Mind the gap, la cuisine Pakistanaise et la cruelle absence de bon vin. Mind the Gap between French and British cultures ! Oui, un fossé sépare les Français de leurs cousins Grands Bretons. Même si nos histoires se sont mêlées et entremêlés, même si une heure d’avion nous sépare, les Froggies et les Rosbifs n’ont pas grand-chose en commun et surement pas la gastronomie. Si tu traverses la manche pour boire des bières ou du Earl Grey, voir la reine à Buckingham, Big Ben, la Tour, le Bridge, Hyde Park, la city et son cornichon magique, le métro de Coven Garden et ses escaliers interminables, pendre le bus jusqu’à Portobello Roadster, tout va bien. Si tu y vas pour boire et manger, c’est l’horreur !

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