Le désaccord n’est pas un bourre-pif collaboratif

J’aime le désaccord ! Du fait notamment de sa mauvaise réputation. Mais, comment fonder quelque chose sur un désaccord ? La première chose à bien comprendre, c’est que nous ne croyons plus au rêve d’une société sans contradiction, sans conflit, entièrement réconciliée, parce que les sociétés les plus totalitaires sont issues de ce rêve-là. Nous savons donc que nous sommes plongés dans le conflit des interprétations, dans le désaccord, jusqu’à la fin des temps. Amen ! C’est notre karma. Quand il persiste et semble insoluble, le désaccord est perçu comme un échec, il reflèterait l’incapacité pour les individus à parvenir à un consensus. La tradition philosophique semble à ce titre majoritairement accepter l’idée selon laquelle le désaccord doit être surmonté au profit d’un accord sur ce qui est jugé vrai ou raisonnable. Aristote, lui-même, affirme que la délibération, a pour horizon le dépassement des différends grâce aux vertus du logos (la parole). Désolé mon cher Aristote, mais c’est faux, archi faux. C’est des conneries. Le débat n’a pas pour ambition de convaincre, mais de vaincre, même si c’est con de vaincre ! Mais c’est comme ça. C’est un affrontement. Le désaccord, loin d’être un échec possède bel et bien une valeur. Bien plus qu’un accord, un désaccord permet de clarifier l’identité respective de ses opposants, et de les positionner clairement. Le désaccord permet ainsi à ceux qui l’expriment de faire entendre leur voix, et de satisfaire leur besoin de reconnaissance par le biais de la protestation et de la revendication, avant d’être enfermés et bannis à jamais. Comme le disait le Mahatma Gandhi, un désaccord honnête est souvent un signe de progrès. Deux personnes en désaccord s’accordent au moins pour dire que ça leur fait un point commun. Du désaccord né le compromis et la tolérance.

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