J’aime les vieilles canailles, même et surtout dans mon assiette et dans mon verre. Amourettes, frivolités, fraises, béatilles et autres joyeuses, c’est tout un hymne à la langue française, c’est un vocabulaire teinté d’amour et d’humour qui désigne ce que les bouchers appellent « le cinquième quartier« . Autrefois, canaille se disait « chiennaille », de chien (canin), c’était la valeur qu’on accordait à ces mets… juste bons à jeter aux chiens. Aujourd’hui le plat canaille a pris le sens de polisson, coquin, fripon alors que le nom commun garde son sens originel de voyou, fripouille, vaurien … Dans les festins rabelaisiens, on cuisinait les tripes, la tête de veau, les andouilles, les testicules de béliers ou même la vulve de truie. Cette gastronomie rabelaisienne était teintée d’irrévérence, de facétie, de gourmandise et de libertinage truculent des mets et des mots, le mariage étourdissant entre la chair et la chère.