La comparaison n’a pas toujours raison

Friedrich Nietzsche n’avait pas toujours raison, sauf quand il a dit « tous ce qui nous tue nous rend plus mort » ou quand il affirmait que le christianisme et l’alcool étaient les deux plus grands corrupteurs ou quand il écrivait qu’il était absurde de comparer un nihilisme et un humanisme et aussi quand … Bref, il avait quand même souvent raison le Nietzschounet et en plus, il le disait mieux que moi. Il y a toujours matière à comparaison, un peu comme quand tu compares le bide de JeanDa avec l’esprit de déduction de Rage, comparé au vide sidéral, même la bedaine du frisé nous inspirera toujours la grâce d’un éléphanteau dans un musée de porcelaines miniatures. Hormis pour Régis, pour qui le raisonnement reste encore une démarche abstraite, nous avons souvent besoin, pour réellement comprendre certaines choses, d’établir des points de relation avec notre vécu, avec la réalité perceptible par nous.

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A la recherche des arômes perdus

Longtemps, je me suis couché de bonne heure, pas pour dormir, mais pour lire et mieux me porter. Selon des chercheurs de l’université de Yale, une demi-heure de lecture par jour augmenterait l’espérance de vie de deux ans. Même du Marcel Proust ? Une histoire de madeleine, des phrases de 40 lignes, pas d’action. Oui monsieur ! Deux ans de rab pour quelques madeleines, une Albertine et 2.400 pages divisées en 7 tomes, c’est cadeau, ça me fait plaisir. Passée du statut de simple gâteau à celui de référence littéraire ancrée dans la culture populaire, la célèbre madeleine a désormais acquis une valeur d’icône. Cette expression est utilisée pour évoquer un phénomène bien particulier lié à la réminiscence d’arômes et de goûts, les sentiments et les souvenirs que provoquent chez nous une sensation, une odeur, etc.

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La mortitude des choses de la vie

Il y a quelques jours, la mort m’a invité pour me demander d’écrire un truc drôle, léger, pétillant. Ok, ai-je opiné du chef. Mais sur quel sujet ? Le Champagne, ça pétille, c’est festif et c’est léger, alors que la mort, ce n’est pas drôle, c’est pas festif, sauf si tu aimes les enterrements et c’est lourdingue comme sujet. Comme je ne suis pas du genre à avoir ma langue dans la poche, ce qui est, si on y réfléchi bien, quand même relativement compliqué pour écrire, du coup, tout en faisant un gros fuck à tous les champenois, j’ai choisi de parler de mon hôte : la mort !   Continuer la lecture de « La mortitude des choses de la vie »

Complètement Givry

Comme le dit si justement le philosophe Calogero, on peut s’aimer, se désaimer, on ne ressemble, qu’à ce qu’on fait, on est semblable à ce qu’on est. Attention, je ne te parle pas de désaimer les très nombreuses pages Facebook que tu as frénétiquement likées cette semaine, je te parle de ne plus chérir un truc que tu as beaucoup aimé, voire d’aimer un truc que tu détestes. Je te parle d’ambivalence, d’oscillation et des jeux d’opposition entre aimer et ne pas aimer. Du goût au dégoût, il n’y a parfois qu’un petit faux pas. Un exemple : Coldplay est devenu un groupe que l’on adore détester. La béatitude dégoulinante de Chris Martin qui ne s’arrête plus de chanter des odes à la vie, l’univers rose bonbon du groupe devenu un festival de bisounours, me sort pas les yeux. Mais j’aime bien leurs chansons. De même, nous avons tous une relation ambivalente avec le travail. Le travail est à la fois quelque chose de pénible dont on aimerait se passer et un moteur de développement, de libération et d’épanouissement. Le travail, c’est bien, mais personnellement, j’aimerai m’en passer. On est loin du pinard ? Pas tant que ça. Le vin, son apprentissage, l’apprivoisement de son gout, la recherche de son propre gout, c’est quelque chose de progressif et chacun, à son rythme, nous avançons à force d’expérience. Même si le plaisir est immuable, nos goûts changent. Choisir, c’est renoncer.

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Le fil d’Arianna

Arianna, c’est le nom d’une des épouses de Bacchus.  Un signe ? Surement ? La famille, un autre signe. Très jeune, son oncle Giusto l’emmène à Vinitaly pour représenter le domaine COS. Dans la foulée, elle termine ses études et part pour la Faculté d’Œnologie de Milan. Une carrière est née. A l’image de son oncle qui vient de sortir les amphores de l’argile d’Espagne, elle rêve de faire des grands vins sur le terroir de son enfance, en Sicile, près de Vittoria, au sud-est de l’île, une campagne sauvage et envoutante. Elle achète 1 hectare de terres au lieu-dit Fossa di Lupo, un lopin de terre dans l’Appellation actuelle Cerasuolo di Vittoria, des vignes de 20 ans d’âge, de Frappato et de Nero d’Avola. Ces études Milanaise digérées, elle va se forger ses certitudes, jeter aux oubliettes celles de ses professeurs qui lui ont appris le vin comme un produit industriel dont on doit contrôler chaque molécule chimiquement, qu’on construit à base de levures chimiquement parfaite pour standardiser le produit. Elle va faire ce qu’on doit toujours faire avant d’agir : réfléchir, tester, essayer, se tromper parfois, mais pour rebondir, améliorer. Un questionnement permanent, avec comme seul but, progresser et toujours faire mieux. Elle côtoie Elisabetta Foradori, Frank Cornelissen ou Nicolas Joly, et se forge ses certitudes : le respect des sols et de la nature, la biodiversité, la rigueur. Elle aspire à un vin léger, élégant, peu alcoolisé.

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Dresseurs de volcan

Susucaru rosato 2016 – Frank Cornelissen

Si les indiens avaient leur eau de feu, les siciliens ont leur vin de feu. Dominant la Sicile du haut de ses 3.350 mètres, l’Etna est une ile dans une ile. Le volcan possède un écosystème complexe. Entre les champs de lave, les agrumes du bas de pente, les châtaigniers d’altitude et les pistaches de Bronte, la vigne s’est taillée la part belle. L’Etna, c’est la demeure mythique des titans, c’est là qu’Ulysse a endormi le cyclope en l’enivrant du vin de l’Etna. C’est sur les pentes du volcan que pousse le « nerello mascalese », un cépage marié et acclimaté au terroir si particulier du volcan. La prise en compte de nombreux microclimats, la juxtaposition des différentes coulées de lave, voit la montée en puissance du concept de cru sur le volcan. Des zones distinctes appelées Contrada en Sicile.  De Serra della Contessa sur le flan sud-est à la Contrada Caselle sur le flan est, ou Chiusa Spagnola au nord,  chaque Contrada a ses propres caractéristiques qui font des vins différents et uniques.

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De l’art d’être dans la lune

Viognier La Face cachée de la Lune 2014 Jean Delobre

Être dans la Lune, voilà bien l’expression qui m’a suivi durant toute mon enfance, même si mes premiers désaccords avec cette métaphore concernent la Lune, justement. Pour moi, je n’étais pas dans la Lune mais dans mes rêves à m’imaginer un sens au mystérieux et à ses mystères. Malgré tout j’ai très vite compris qu’en français, c’est LA lune et LE soleil. Ce soleil qui irradie sa lumière, et cette Lune qui ne fait simplement que réfléchir cette lumière. La Lune est aussi le symbole des rythmes biologiques, celui du temps qui passe. Les connaissances empiriques des hommes sur l’agriculture ont toujours accordé beaucoup d’importance à la Lune. Les vignerons qui travaillent en biodynamie suivent un calendrier lunaire et font concorder les travaux agricoles avec certaines phases de la lune. Ils utilisent « les forces de vie », la biodynamie inscrit la plante dans la durée, un devenir et dans un cycle.

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