Faut pas prendre les messies pour des gens ternes

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Après cette soirée dantesque, digne de la divine comédie, je me retrouve, la gueule enfarinée, l’estomac dans le melon, la tête comme un orgue de barbarie désaccordé, dans une église, ne sachant pas où je suis et ce que je fais là. A mes côté, Ranulphe enterre son prof de rumba javanaise pour Illuminati illuminé, décédé d’un arrêt de respiration accidentel.

La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. Hurla le prêtre
– « Et avec votre esprit« , repris la foule en délire.

Putain, ma tête allait exploser, pareil qu’au concert de Led Zep dans la patinoire de Mannheim quand 20.000 GI reprenaient Stairway to Heaven. Le prêtre ne hurlait pas vraiment, mais la réverbération s’attaquait cruellement à mon système aussi auditif que nerveux. Après avoir célébré le culte de la dive bouteille toute la nuit, faut avoir le foi et le foie solide pour se faire traiter d’infect pécheur pendant une heure par un type habillé comme un clown qui aurait rencontré un Drag Queen. Comme les occasions de rigoler ne sont pas si nombreuses, Ranulphe a eu l’excellente idée de me proposer de l’accompagner et de m’inviter dans un resto où la côte de Bœuf est aussi prometteuse que la bouteille de Chambertin qui devrait l’accompagner. Je suis prêt à tout pour un Chambertin, même renier ma devise : « ni Dieu, ni Maître, même nageur« .

À ma droite se tenait un type d’une trentaine d’années, cheveux long, barbe de deux semaines, le type oriental, un peu bizarre dans une église. Pendant que l’assemblée entonnait « le Seigneur est mon berger » aussi joyeusement qu’une immolation de bonze tibétain, il me dit :

-Je peux vous prendre une aspirine ?
– Vous aussi avez eu une soirée difficile ?
Non, je suis là pour affaire, je vends de la foi. Dans les églises c’est plus facile de faire passer des gens ternes pour des messies.
Diable ! Et ça marche ?
Au début ça marche bien, avant que ça devienne pire.
La vodka me fait exactement le même effet
La foi serait meilleure pour votre santé, à moins que vous n’ayez une vocation de martyr comme moi
Vous faites ça depuis longtemps, la concurrence est rude ?
Ça fait deux mille ans que je travaille pour mon père, c’est une affaire familiale, le problème, c’est que notre produit est un peu désuet, même si le concept de base était prometteur, il y a peu de concurrence mais les bouddhistes et leurs sourires à la con, sont en train de nous piquer le marché, les voies du Seigneur sont impénétrables
Pas si elles sont bien lubrifiées mais nous avons tous une croix à porter
J’aime bien votre humour, j’aurai plaisir à vous revoir.

Il m’a serré la louche puis il est parti boire un coup et manger du pain azyme avec le prêtre, j’ai senti un pansement dans sa paume et il avait un drôle de chapeau en épines. Pendant que je me remettais de cette rencontre insolite, Ranulphe m’a fait remarquer que parler au statues n’arrangerait pas mon état psychiatrique. j’y ai répondu qu’aller à la messe quand on est dépressif, c’est comme aller voter quand on est communiste, ça ne sert à rien, même si contrairement aux communistes qui mangent les enfants, les curés les préféraient vivants, mais dociles. Et puisqu’on parlait bouffe et plaisir de la vie, on est parti au resto en se disant que l’éternité n’est plus ce qu’elle était, les bonnes côtes de Bœuf non plus … Heureusement le Chambertin était divin et valait bien une messe.

Un crémant extra brut, non dosé, élevé 10 ans et 8 mois sur lattes, Chardonnay, Pinot blanc et Auxerrois le compose. Une robe claire, une bulle fine, des notes de fleurs blanches, de brioche, d’agrumes et de poire. La bouche est ciselée, incisive, avec une longue finale fraiche. Breit extra-brut 2009 Mélanie Pfister

Note : 3 sur 5.

Belle robe dorée, une bulle fine. Nez très épicé, sur les fruits jaunes, le petit gâteau sec, l’écorce d’orange, un peu minéral, de citron. Le style est très légèrement oxydatif, la bouche est puissante, la ligne acide est percutante et la longueur appréciable. Champagne Pol Roger 2010

Note : 3.5 sur 5.

Une bulle fine, le nez est encore très jeune, primaire, vif, sur la pomme verte, des notes de fleurs et de paille. La bouche est droite, acérée, sur une trame acide salivante. L’ensemble est vineux, dense et harmonieux. La finale est longue et gourmande.Champagne Cuvée des Caudalies De Souza

Note : 3.5 sur 5.

Une robe pâle. Un nez qui sauvignonne, très expressif, exubérant même, pas très complexe, mais des notes de pierre à fusil, de fruits jaunes et de citron. La bouche est assez puissante, austère, vive, tendue. La finale est portée par une belle acidité qui donne de la gourmandise au vin. AssyrtiKo 2021 Gaia Santorin

Note : 3 sur 5.

La robe est très légèrement ambrée. Le nez est tendu, sur les fruits blancs, des notes florales et grillées avec un peu de chèvrefeuille. La bouche est tendue, sur les agrumes confit, la finale est d’une belle longueur. Un joli moment de plaisir sur un Bourgogne générique. Bourgogne 2013 Domaine Leflaive

Note : 3.5 sur 5.

Produit sur des parcelles de moyenne altitude, ce blanc est d’une grande maturité. Il associe concentration et fraîcheur avec des parfums orientaux, fleur d’oranger, jasmin, écorce d’orange, abricot sec. La bouche est un peu stricte sur des amers un peu présent mais avec une jolie longueur finale. Munjebel Bianco 2017 Franck Cornelisen

Note : 3 sur 5.

Une robe vieillotte qui interpelle, entre orange et brun clair. Un nez qui apostrophe tout autant, orange amère, rose, lilas, épices orientales, fruits jaunes. En bouche, c’est gras mais porté par une belle acidité, beaucoup de minéralité, un peu de gaz et une longueur acceptable. Déconcertant mais pas désagréable. Les Grandes Hâtes 2014 Alexandre Bain

Note : 3.5 sur 5.

Un nez sublime, un subtil mélange de citron confit, de zeste d’orange, de mangue, de pamplemousse, des notes fumées, florales et même, bizarrement finement pétrolées. Une bouche à la hauteur du nez, citronnée et minérale, pure et surtout très longue et minérale. Une buvabilité redoutable. Clos St Urbain pinot Gris 1992 Zind Humbrecht

Note : 4 sur 5.

Un nez vif et intense, puissant, sur la mirabelle, la rose, la gentiane. La bouche est ample, tendue, précise avec une longue finale, toujours sur la gentiane. Bien plus classique que les Grandes Hâtes. Mademoiselle M14 2014 Alexandre Bain

Note : 4 sur 5.

Une robe jaune paille, le nez est intense, sur des notes d’agrumes, de fruits exotiques, de pêches blanches et un peu de vanille. La bouche est Chablisienne, calcaire, minérale, ample avec un arrière-plan minéral qui équilibre son caractère onctueux et accentue son élégance. Belle finale persistante. Las Pizarras 2018 Errazuriz Espagne

Note : 3.5 sur 5.

Un nez lourd comme un cheval mort, des notes de coing, de zeste de citron, avec quelques touches de cire, d’acacias et une pointe de miel. En bouche, la texture est présente, confortable. Une acidité moyenne, des arômes de tilleul menthe, une belle longueur. Il ne manque à l’appel que la finale tranchante, le millésime est passé par là. Un vin sans vice ni vertu. Chablis 1er cru Valmur 2009 Domaine Raveneau

Note : 3.5 sur 5.

Un nez bien plus vif, citronné, tranchant, sur le citron, le miel, la fleur blanche, le tilleul et les épices douces. En bouche, il y a aussi un petit côté beurré, l’ensemble est ample, gourmand avec une longue finale crayeuse. Encore bien jeune. Chablis 1er cru Blanchot 2009 Domaine Raveneau

Note : 4 sur 5.

Après ces quelques vin de messe, il est l’heure de poser la question qui vous taraude … Mais d’où vient le vin liturgique ? En dehors de certains vins sacrés comme le vin noir du prieuré de Cenac, le Lacryma Cristi napolitain ou le Domaine Mathieu à Châteauneuf-du-Pape, il s’agit bien souvent de bouteilles offertes par la viticulture locale, le denier du culte est de plus en plus rare. Le mystère de la transsubstantiation est éventé, comme pour le fight club, il n’y a pas de règles précises, il peut être rouge ou blanc, sec ou doux. Les prêtres aiment les blancs liquoreux de type Sauternes. Certains optent pour des rouges puissants, un Cahors par exemple supportant mieux la dilution à l’eau dans le calice. Pour des raisons pratiques, le vin blanc dans le cadre de la célébration de l’Eucharistie, est préféré au rouge, il est moins salissant pour les linges d’autels et celui qui sert à essuyer le calice. Homme de goût, le cardinal de Bernis, ambassadeur de Louis XV auprès du pape, avait demandé que son vin de messe fût un bon Meursault, affirmant qu’il ne voulait pas que le Créateur le vît faire la grimace au moment de la communion. Les orthodoxes utilisent traditionnellement comme vin de messe, un vin rouge, le Cahors. Depuis le moyen âge, il existait un accord commercial qui prévoyait l’approvisionnement de l’ensemble des églises orthodoxes de Russie en vin de Cahors. En 1917, la révolution bolchevique avait mis un terme à toutes les importations. Les popes durent alors trouver un autre vin de messe. Ils suscitèrent la culture du kagor (une réplique de Cahors) dans la région de Messara, près de Yalta.

Un vin issu de vigne ayant survécu au phylloxéra et ayant le vénérable âge de 130-140 ans. Cette cuvée est unique. Marco de Grazia, qui a longtemps vendu les plus grands vins italiens aux quatre coins de la planète, s’est installé il y a quinze ans sur les hauteurs de l’Etna. Soins maniaques du travail des sols, cépages autochtones, élevages et vinifications d’inspiration bourguignonnes donnent des vins frais, d’un grand raffinement. Le nez est puissant, complexe, sur la framboise, le cassis, la cerise, la fumée, les épices, cannelle, clou de girofle, herbes sèches et de fleurs. En bouche, le vin est puissant, grosse matière, grosse structure, tannins amples, serrés, grosse acidité. Tout est intégré, en harmonie, puisant mais en finesse, un vin vertical, qui termine très long sur des notes de cerise et d’épices. Beaucoup trop jeune, certes, mais du caractère et d’énorme qualité. Un futur grand vin, dans un style Corton ou Bonnes-Mares. Etna Rosso La vigne de Don Pepino 2014 Tenuta Delle Nere

Note : 4 sur 5.

Autres vignes centenaires, celles d’un Clos, d’un droit canon, qui n’a jamais reçu le moindre produit chimique. Les deux architecte de ce vin ont bien compris le conseil offertoire du pape de Vosnes, Henri Jayer : « Pour faire un bon vin il faut de la concentration et de la finesse … Mais il ne faut pas confondre concentration avec extraction, ni finesse avec dilution… ». La Robe est rubis très foncé. Le bouquet est presque Vosnien, cerise, framboise, cannelle, poivre noir et terre humide. C’est en bouche que le bénédiction opère, la matière est lourde et aérienne, le touché de bouche est somptueux, les tannins sont soyeux, veloutés et la finale est majestueuse, sur le fruit rouge, les épices et les accents d’un terroir unique et reconnaissable par tous. Clos Rougeard 2005 Foucault Frères

Note : 4.5 sur 5.

Une autre cuvée Préphilloxératique de 150 ans, une robe aux reflets acajou. Un nez complexe, fleurs de garrigue, fruits rouges, un peu de graphite, encre. La bouche est ample et concentrée, assez bien équilibrée, porté e par une fine acidité, élégante avec des tanins présents et une belle persistance. Une douceur enveloppées par l’austérité d’un volcan qui apporte l’histoire de ces terres sombres enchanteresses dans notre verre. Etna Rosso Riserva Signum Etnae 2014 Firriato

Note : 3.5 sur 5.

Une robe sombre. Un nez serré, sur des notes de fruits noirs, de framboise, de réglisse, de menthe et de pierre chaude. La bouche est concentrée, sauvage, la matière est énorme, les tannins sont resserrés, sans excès. Petite fraicheur mentholée sur une finale longue et pas encore domptée. Un vin qui devrait s’arrondir avec le temps. Dolomite Granato 2011 Elisabetta Foradori

 

Note : 3 sur 5.

Un assemblage de 60 % de Cabernet Sauvignon, 30 % de Merlot et 10 % d’Aglianico. Un nez sur les épices, les fruits noirs, un peu de poivron et de tabac pour finir. La bouche est généreuse, riche, gourmande, fruitée avec beaucoup de classe, ça fait vraiment bordeaux en plus riche. Grosse longueur finale pour ce vin classieux et encore bien jeune. Coli di Salerno Montevetrano 2005

Note : 4 sur 5.

Le même profil que le précèdent, un peu plus évolué, encore plus classe, un nez remarquable, extraordinaire, sur les fruits rouges, la cerise noire, la mûre, l’encens, le tabac, de très légères notes d’élevage, à peine perceptibles qui ajoute de la classe à la classe. La bouche est remarquable de finesse, d’élégance, de volupté, parfaitement équilibrée par une ligne acide idéale et portée par une longueur abyssale. Magnifique expérience et souvenir impérissable. L’Italie dans toute sa splendeur.  Un vin eucharistique.Coli di Salerno Montevetrano 2001

Note : 4.5 sur 5.

Une surprise de taille ! Je le croyais mort, il est ressuscité. Des arômes assez complexes, prune, humus, cuir-animal. Une bouche encore présente, pas une grosse matière, une fine acidité et une longueur moyenne. Un sujet hors du temps. St Emilion Château St Georges 1958 Château St Georges

Note : 3 sur 5.

Le cépage Nebbiolo est la source du Barolo, du Barbaresco, du Gattinara et du Ghemme. Une couleur rubis très clair, des arômes de vin vieux, humus, champignon et terre humide. Un Nebbiolo qui a tenu grâce aux tannins et à l’acidité de son cépage. La bouche est encore présente, sur la fin, un peu stricte, mais le plaisir du vin qui tire sa dernière cartouche. Gattinara Castello di Lozzolo Spanna 1958 Bertelleti

Note : 3 sur 5.

Après ces deux ancêtres, on passe sur un vin puissant, multidimensionnel. Une sorte de croiseur intergalactique, l’étoile noire … Un assemblage de 88% Grenache, 11% Syrah and 1% Viognier Le nez est intense, explosif, sur les fruits noirs, la réglisse, les épices, cannelle, girofle, fleurs capiteuses. La bouche est énorme, sensuelle, pure et riche avec une touche de menthol et des tannins doux. Un vin de concours somptueux et musclé avec une finale multidimensionnelle et éternelle. The Line 2008 Sine Qua Non

Note : 4 sur 5.

Un nez superbement élégant sur la cerise noire, le tabac blond, les épices, la violette d’une finesse angélique. En bouche, c’est fruité, d’une grande pureté, c’est sensuel, velouté, la texture onctueuse est renforcée par des tannins somptueux et une acidité subtile qui porte la longue finale. Un rêve pour les amateurs de Pinot Noir. Une magnifique amoureuses sur un millésime pas évident. Chambolle Les Amoureuses 2007 Robert Groffier

Note : 4 sur 5.

Un nez riche et dense, cerise noire, framboise, prune, encens, réglisse, cacao, fourrure et épices. Une bouche énorme, impressionnante de force et de caractère. Les tanins sont denses mais parfaitement intégrés, l’acidité porte le vin vers une finale majestueuse. Ce Bonnes-Mares nécessitera une patience extraordinaire avant de révéler complétement.  Bonnes Mares 2008 Georges Roumier

Note : 4 sur 5.

La couleur est absolument magnifique et resplendissante, le nez est magique, plein de noblesse, cerise, framboise, rose, géranium, un boisé classe moka, un peu de minéralité, de ronce, de rafle et de terre humide. La bouche est grandissime, délicate, fine, avec une matière voluptueuse qui enrobe les tannins de manière sensuelle. La finale est fraiche, longue, en délicatesse. Il y a peu de terroir qui puisse transmettre autant de classe ? Un grand vin aristocratique un peu mystérieux, un Pinot Noir comme en rêve ses aficionado. Chambertin Clos de Beze Groffier 2007

Note : 4.5 sur 5.

Sur l’échelle de la crédulité humaine, êtes-vous plutôt crédule ou plutôt fosse septique ? Prenez-vous des vessies pour des lanternes, des messies pour des gens ternes et ton aérophagie pour un vent interne. L’humour est-il soluble dans la religion. Quel est le point commun entre un prêtre, un rabbin, un iman ? Ils aiment tous les enfants, enfin surtout le … Trêve de plaisanterie, ils ont tous un humour particulier, un humour à deux balles.  L’humour est-il soluble dans la foi ? On raconte dans les Évangiles que Jésus a pleuré, qu’il s’est mis en colère, qu’il était aimable et quelquefois peu aimable … Mais jamais qu’il a ri, qu’il s’est pété une barre … Dans l’histoire de la théologie, on a rejeté le rire et la gaieté comme quelque chose qui ne serait pas digne de la foi. Rire est subversif. Dans la religion chrétienne, le rejet de l’humour et du rire repose sur un profond malentendu. Si la joie est le grand sujet du Nouveau Testament, alors vouloir contester le rire et l’humour au nom du sérieux de la foi est absurde. Savez-vous qui a assassiné Jésus-Christ ? Non ? Eh bien, je vais vous le révéler, c’est un certain Minou. La preuve, dans la Bible il est écrit : « Jésus est descendu parmi nous ».  Oui, cette blague me fait rire. Et non, il n’y a pas blasphème. Celui qui me l’a racontée est un prêtre. Que ce soit par charité, par obéissance aux commandements du Christ, ou simplement parce que rien n’est sérieux, pas même la religion. Pardonnez à ceux qui vous font subir leur humour déplorable, à ceux qui vous ont offensé, à ceux qui offense au nom de l’offense. Prenez pitié, rigolez un peu, priez pour eux, et dans le pire des cas, envoyez-les faire un tour dans une mosquée, un temple ou une église, on ne sait jamais qui on peut y rencontrer …