Fermez la parenthèse et ouvrez les guillerets

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En pleine soirée, Jean le Haut-Rhinois me demande :  « mais au fait, tu fais quoi comme job ? ».
Je réponds prestement et fièrement : « fermeur de parenthèse » !
« Et tu en es arrivé là comment ? Ça gagne bien ? »
« En y allant directement, mais pour la caillasse, ça dépend de la spécialité que tu choisis. Pour ma part, j’ai opté pour le classique, douze ans d’orthographe générale et de grammaire, suivis de cinq années de ponctuation et pose de virgule chez Nike. Je pensais me spécialiser dans le tiret cadratin mais j’ai opté pour le point de suspension, qui est beaucoup moins plat et laisse planer un doute« .
Face au regard circonflexe de mon interlocuteur, je poursuis, « j’interviens toujours en collaboration avec un ouvreur de parenthèse, c’est un travail collaboratif, même si tu ne sais jamais sur quel ouvreur tu vas tomber, je fais de belles rencontres. J’évite de travailler sur du Proust, trop de travail, je lui préfère Frederic Dard, c’est bien plus fun.  Pour gagner du temps, j’utilise une planche de surf pour glisser sur les phrases, des patins à roulettes pour tournicoter autour des accents, un trampoline pour rebondir sur les apostrophes ou des skis pour slalomer entre les mots ».

Jean prit un air charitable, plissa ses sourcils aussi verdoyants que luxuriants, pris une grosse inspiration et dit : « pourquoi ne pas avoir opté pour la parenthèse scientifique ? »
Stupéfié, ébaubi par la remarque de mon camarade, je le repris d’un ton dédaigneux : « Ah … la filière scientifique… Ce n’est pas du tout la même chose… Ce n’est pas le même plaisir, c’est du travail à la chaine, c’est très mécanique, très itératif… Un peu de sérieux et de respect … un peu de noblesse, que diantre ! La parenthèse littéraire c’est un autre échelon ! Je te parle d’un travail d’artisan, d’artiste, de la belle parenthèse qui s’intercale au milieu des mots, qui éclot comme une rose au milieu de la phrase, qui l’approfondit sans l’interrompre… Pas de la vulgaire parenthèse qui encadre des x et des y comme des matons encadres des violeurs de mots.
« et la filière informatique ? » osa à demi-mot ce mécréant agnostique.
Je m’étouffais avec le fond de mon Châteauneuf : « l’informatique, le code, tout le monde n’a que ce mot à la bouche ! Le royaume des soi- disant fermeurs de parenthèse… Avec la programmation et ses formules magiques, je t’ouvre des parenthèses à tire-larigot … une, deux, trois d’affilée, parfois plus… et que je te les imbrique les unes dans les autres comme une partouze chez le Règis, et que je te les referme à la va-vite comme je te pousse et résultat ? Erreur404… Et là, qui on appelle ? Le fermeur de parenthèse professionnel !  Avec une bonne parenthèse, l’auteur se laisse aller aux révélations, à la confidence, au partage de secrets, pas à l’itération et à l’escobarderie informatique  » …
Jean repris le fil de sa dégustation, je n’ai pas osé lui révéler que j’étais en reconversion professionnelle, les parenthèses, ça va un temps, ma vrai passion, c’est d’être arroseur de nuage. )

Un joli nez sur les agrumes, la gingembre, la paille et un léger beurré biscuité. La bouche est fine, comme la bulle, c’est assez vif avec quelques amers sur la belle finale. Grand Vintage 2009 Champagne Boizel

 

Note : 3 sur 5.

La vendange 2013 a donné naissance à la Cuvée 741, une photographie du vignoble Jacquesson. Un assemblage de chardonnay et de pinots. Un nez sur les agrumes, la poire et les amandes. Une bouche toastée, assez large, petite note minérale et finale moyenne. Extra Brut 741 Champagne Jacquesson 2013

Note : 3 sur 5.

Un premier nez légèrement beurré, pas très causant, qui s’ouvre sur les fruits blancs, l’amande amère, les fleurs et les zestes de citron. La bouche est légère, facile à boire, assez tendue, très florale avec une belle finale. Nuit Saint Georges Les croix rouges 2019 Domaine Christian Confuron

Note : 3 sur 5.

Malheureusement bouchonnée : Condrieu 2009 Mathilde et Jean Yves Gangloff

Note : 0 sur 5.

Une couleur cognac, un nez très exotique, sur l’ananas, la mirabelle, la fleur et le caramel. La bouche offre un bel équilibre entre gras et acidité et une jolie persistance. Savennières La Roche aux Moines 2011 Château Pierre Bise

Note : 3 sur 5.

Lâcher prise est un vin de macération de Gewurztraminer en raisins entiers infusés dans les jus de Riesling issus du terroir Hagel à Mittelbergheim. Au nez, des notes de rose, de racine, de quetsches et une pointe d’épice. Aucun défaut aromatique. La bouche est fruitée, gourmande, l’acidité étire le vin et donne un côté très buvable. Gewurztraminer Lâcher prise 2017 Lucas Rieffel

 

Note : 3.5 sur 5.

Une robe trouble, un nez pas très net, sur la volatile, le vinaigre, l’orange et la pêche. L’acidité est faible, le plaisir très moyen comme la finale trop amère. Undergrund Orange Velvet 2019 Domaine des 7 lunes

Note : 2 sur 5.

Une robe dorée presque orangée. Un nez intense, sur des notes schnapsées, d’herbes de maquis séchées, de miel et d’amande. La bouche est riche, assez vive et la finale est moyenne. Vin de France blanc 2013 Domaine Léon Barral

Note : 3 sur 5.

Grenache Blanc, Rolle, Roussanne, Chardonnay, Muscat Petit Grains forment un bouquet de pomme rôtie, de citron confit, d’herbes, de fenouil et de café crème. La bouche est ample, assez vive avec une jolie finale minérale. Le Grand Blanc 2016 Henri Milan

 

Note : 3.5 sur 5.

Un nez de cire d’abeille, de poire, de pomme et des notes racinaires, mais beaucoup de volatile aussi. On retrouve ses notes en bouche, avec des amers pas très agréable en plus. St-Joseph De deux choses lune 2018 Domaine des 7 lunes

 

Note : 2.5 sur 5.

Un nez grillé, sur les amandes, le tilleul, la noisette et le citron confit. Une bouche étonnamment fine, discrète et très bien construite, tout est en place, jolie acidité, grande fraicheur, matière délicate et agréable et longue finale sur le poivre blanc. Un Bâtard tout en délicatesse. Bâtard Montrachet 2015 Ramonet-Bachelet

Note : 3.5 sur 5.

Comme tous les vendredi midi, je suis au restaurant. Comme toujours, j’ai pris la côte de bœuf avec les pommes au four et le fagotin de haricots verts. Le Gevrey est parfait quoiqu’un peu frais. C’est à ce moment-là que le garçon arrive et me demande : « crème brûlée ou tarte au citron meringuée ?« .
Là, mon cerveau fait une double vrille inversé. Il ne s’agit pas ici de ce genre de choix idiot du style  : Thé ou café, Beatles ou Rolling Stones, Pierre ou Marie Curie, la vie ou la mort ? Mais cette sorte de questionnement intime qui fait la grandeur de l’homme. Il y a des restaurants qui ont la délicatesse, voire le raffinement, de ne proposer qu’un seul de ces deux merveilleux desserts. Ces établissements respectables épargnent ainsi à leur clientèle bien des tortures inutiles. Mais tous se perd, même le bon goût ! Aucun doute, la crème brûlée, c’est meilleur. Mais n’est-ce pas une affirmation trop doctrinaire ? D’un autre côté, la tarte est plus digeste. Oui mais sur la crème, et seulement sur la crème, il y a la petite croûte de caramel. Elle surpassera toujours la meringue. Bref, trente secondes de torture mentale plus tard, le garçon ajoute : « Vous avez fait votre choix ?« . Et je m’entends dire, comme externe à mon corps défendant, d’une voix chevrotante, voire bêlante : « Les deux« .  Décidément, notre époque n’épargne rien, même pas les estomacs.

Un joli nez de cerise, de framboise, d’herbe fraiche et une touche de violette. La bouche est agréable, gourmande, mais si le fruit a laissé la place à la réglisse, au terroir de Morgon. Un classique indémodable. Morgon 2014 Marcel Lapierre

Note : 3 sur 5.

Un nez de pot au feu, livèche, volatile, poivron et tabac. Pas très gourmand. La bouche est au même niveau, tannins imposant, pas une grande fraicheur et une longueur relative. Chinon L’Ancestral 2004 Philippe Pichard

Note : 3 sur 5.

Un nez sur des notes de noyau de cerise, de cassis et de thym. La bouche est ample, charpentée, les tannins sont encore très jeunes, l’acidité est présente et étire une belle finale fruitée. A attendre. Palette Château Simone 2018

Note : 3.5 sur 5.

Beau nez complexe, sur les fruits noirs, le kirsch, la violette, la fraise, le balsamique et les olives noires. La bouche est dense, serrée, les tannins sont présents, sans excès, la longue finale termine sur les pruneaux. SX 2018 Henri Milan   

Note : 3.5 sur 5.

Un nez de fruits noirs, de fleurs capiteuses, de tabac et de réglisse. La bouche est vive, grosse acidité, tannins assez fins et finale minérale. Faugère Jadis 2015 Léon Barral

Note : 3 sur 5.

Une jolie Syrah aux nez classique, violette, prune, myrtille, poivre. La bouche est gourmande, juteuse, les tannins sont fins, l’acidité être la belle finale gourmande. St-Joseph Chemin faisant 2018 Domaine des 7 lunes

Note : 3.5 sur 5.

Magnifique nez, très subtil, de cerise kirschée, cassis, violette, laurier et encens. La bouche est énorme, à la fois dense, puissante, impressionnante de volume, de jeunesse, avec des tannins souples et une énorme fraicheur qui étire une superbe finale. Fruité, Sapidité, digestibilité, palatabilité, magique. Gigondas Homidis Fides 2006 Domaine St Cosme

Note : 4 sur 5.

Un nez de mûre, de myrtille, de cassis, de fumée, de cuir, de vanille et de bois. La bouche est ample, corpulente, les tannins sont encore très présents, comme l’acidité qui porte une finale sur les herbes de Provence et le pruneau. Châteauneuf du Pape La Reine des bois 2011 Domaine de la Mordorée

Note : 3.5 sur 5.

Quelle insolente jeunesse, pas une ride, fruits noirs, noyau de cerise, eucalyptus, garrigue, graphite, encre et encens. La bouche est ample, sérieuse, les tannins sont présents et soyeux, l’acidité équilibre l’ensemble et participe à la très longue finale fruitée. Châteauneuf du Pape La Reine des bois 2005 Domaine de la Mordorée

Note : 4 sur 5.

Un classique de Côte Rôtie, fruits noirs, mûre, violette, lard fumé, encre et poivre noir. La bouche est gourmande, souple, minérale, structurée, portée par une belle acidité qui éclaire une grande finale fruitée. Parfaite, même si elle peut encore attendre. Côte Rôtie 2011 Jean-Paul Jamet

Note : 4 sur 5.

Un nez explosif, sur la prune, la mûre, le cassis, la menthe fraiche, la cerise noire, le laurier, le pruneau et la réglisse, mais aussi quelques notes fumées. La bouche est dense, une grosse matière, des tannins encore très jeunes et serrés mais assez souples, une persistance prodigieuse. Grand vin au potentiel intact. Châteauneuf du Pape Cuvée de mon Aïeul 2007 Usseglio & Fils

Note : 4 sur 5.

Le type de Châteauneuf intemporel, mûre, myrtille, encens, pruneau, garrigue, fraise au vin rouge, réglisse. Une bouche énorme et fraiche, des tannins jeunes et souple, un équilibre génial, une ligne acide qui trace un trait sur une interminable finale mentholée. Un vin kaléidoscope. Châteauneuf du Pape Les Secrets de Sabon 2005 Domaine Sabon

Note : 4.5 sur 5.

Un beau nez d’abricot, de miel, de coing et de verveine menthe. La bouche est légère, le sucre a fondu, belle acidité et longue finale minérale. Tokay Pinot Gris Grand Cru Altenberg de Bergheim VT 1998 Gustave Lorentz

Pour conclure cette soirée, Didier et moi avons passé une bonne heure à écouter 3 profs nous expliquer leur surbookage respectif. Là, tu te dis que la formation beurrage de raie et cours de pipeau ne sont pas tombés en désuétude à l’éducation nationale. Un prof surbooké, c’est mathématiquement impossible, déjà, personne n’est capable d’estimer leur charge de travail réelle. Le jour où leur dirlo en sera capable, il aura fait un bond monumental en termes de compétence. Deuxio un prof surbooké, ça va direct dans une clinique pour prof déprimé après avoir entendu que Néron était un grec très féroce qui a inventé les combats de radiateurs, que Galilée était un inventeur célèbre parce qu’avant lui la terre ne tournait pas, et que le zéro est très utile parce qu’il permet de compter jusqu’à un [1] ! Bref, pendant son temps libre, Jeanda, notre petit chimiste, nous a avoué s’être spécialisé dans l’intime et a même inventé une crème anti-âge pour nos joyeuses valseuses baladeuses. Il a passé beaucoup de temps à admirer ses roubignoles et il a songé à se tartiner les rouleaux avec une crème concentré en plantes indiennes ou inuit. Il a constaté qu’après une semaine de tartinage de rouleau de printemps, ses balloches étaient plus lisses que le maillot d’une actrice porno et que s’il pouvait raisonnablement délester les bourses de ses contemporain d’une petite centaine d’euros, ça ferait remonter son compte en banque plus vite que ses roubignoles. Il nous a donc fourgué sa crème de boule, content comme une moule qui aurait trouvé un couteau et il est parti en lâchant une énorme caisse qui lui a laissé une tâche de tartare au cul et du goulasch dans la culotte. ))))))

[1] Perles de l’oral du bac