Vieilles canailles

J’aime les vieilles canailles, même et surtout dans mon assiette et dans mon verre. Amourettes, frivolités, fraises, béatilles et autres joyeuses, c’est tout un hymne à la langue française, c’est un vocabulaire teinté d’amour et d’humour qui désigne ce que les bouchers appellent « le cinquième quartier« . Autrefois, canaille se disait « chiennaille », de chien (canin), c’était la valeur qu’on accordait à ces mets… juste bons à jeter aux chiens. Aujourd’hui le plat canaille a pris  le sens de polisson, coquin, fripon alors que le nom commun garde son sens originel de voyou, fripouille, vaurien … Dans les festins rabelaisiens, on cuisinait les tripes, la tête de veau, les andouilles, les testicules de béliers ou même la vulve de truie. Cette gastronomie rabelaisienne était teintée d’irrévérence, de facétie, de gourmandise et de libertinage truculent des mets et des mots, le mariage étourdissant entre la chair et la chère.

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Mémoire de nos verres

Oui, nos verres ont une mémoire, la mémoire de ce que nous avons grumer, bu, gouter, déguster, savourer et parfois même recracher. Se souvenir des belles quilles ! J’ai une excellente mémoire, pas assez bonne pour me souvenir où j’ai bien pu mettre mes clés de voiture, mais suffisante pour me souvenir d’un extraordinaire Monbazillac 1937 qui avait grignoté tous ses sucres, d’un non moins superbe Barolo Montfortino de Conterno qui avait mangé ses tannins. Je me souviens d’un anniversaire très british, un tourbillon de grands vins, Montrachet DRC, Riesling Hugel VT 1953, Chave 1990 et un extraordinaire Haut-Brion 1933. Je pourrais ajouter un fou rire avec un Amarone, la bergamote d’un Clos du Mesnil 1990, la rose d’un Richebourg 99 ou d’un Clos de Bèze 1999 de Groffier, le touché de bouche d’une Conti 1996, la violette d’une Mouline 1999, le bois de santal d’une Unico Especial, l’empreinte de la lave dans un Rangen SGN 1998, la classe pure d’un Latour 1975, la douceur d’un Musigny 2001 de Vogüé ou une Astéroïde pour aller direct dans les étoiles.

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Faut pas prendre les enfants du con vieux pour des pinards sauvages

J’ai un an de plus et je m’en branle. Rire de tous est excellent pour la santé mentale et physique de tous. C’est pourquoi la moitié de la planète regarde des vidéos de chaton qui tombe dans les toilettes. Une équipe de chercheurs en mal de trouvaille a démontré que le rire et l’humour pouvaient augmenter notre tolérance à la douleur et améliorer notre qualité de vie par la libération d’endorphines. L’humour a également la capacité de renforcer nos fonctions immunitaires, il peut aussi réduire le stress, nous aider à faire face à l’isolement, nous aider à nous supporter et augmenter l’estime de soi, la résilience et le bien-être. Il peut aussi guérir du cancer, du sida, du paludisme, de la covid et de la connerie congénitale, à condition d’être assez con pour y croire. Il peut aussi faire revenir l’être aimé, régler vos problèmes d’argent ou d’impuissance, restaurer votre PC ou réparer à distance, par télépathie, vos problèmes de plomberie. Le jour du big bang, il n’y avait surement pas de quoi rire, mais l’humour était né.

 

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L’Insoutenable Légèreté de l’être ou ne pas être

Sans honte, je te le dis, j’ai peur, j’ai les miquettes, la trouille bleue, verte, noire, la sainte trouille, j’ai les foies, la pétoche, les chocottes, je flippe ma race, j’ai les grelots, je balise, je clignote des castagnettes, je fouette du calcif, je sue des tifs, j’ai les boyaux en zigzag, les noix qui font bravo, j’ai les fumerons qui me manquent sous le ballon, bref, je psykote, j’ai peur, je peux même dire que j’ai une petite anxiété. J’ai la certitude désormais qu’ils sont là, Bernard Tapis dans l’ombre, prêts à nous sauter sur le râble, prêt à notre la mettre profond. Nous les croisons tous les jours, ils ont l’apparence d’êtres normaux, mais ils ne sont pas comme nous. Ils mangent comme nous, ils boivent comme nous, ils baisent leurs femmes comme nous, et parfois même la tienne aussi au passage, mais je ne t’ai rien dit. Ils aiment leurs enfants, leurs chiens aussi. Ils n’aiment pas les roux, les Boukistanais, les pandas, comme nous, enfin, surtout comme moi. Bref, ils font tout comme nous … Sauf que ce sont des antivax, des gens pas vaccinés, pas comme nous…

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Apocryphe gnostique ou l’évangile selon Gilles de la Tourette

Putain de pute borgne, y a des soirées qui te tourneboule la cervelle façon rollercoaster. Y a des soirées que tu attends comme le Messie, pas celui qui traine sa carcasse et ses millions sur la pelouse du parc, mais celui qui a changé l’eau de là en vin d’ici. Après ce type de soirée, tu dors comme un chiard, sur un nuage bourguignon qui ne laisse pas sa part aux anges, et tu rêves … Pour ma part, j’ai rêvé que j’étais ce Messie tant attendu, et, qu’avec mes disciples, je parcourais à pas givrés, nerveusement, les allées d’une pharmacie afin de trouver un remède à leur invertebrétitude. J’ai bien trouvé une soupe de tortue rousse et irlandaise, mais il y avait des morceaux d’aveugle dans son stationnement. Jeanda, habillé d’un élégant tonneau cousu à la DRC, m’informa qu’il fallait défragmenter la lampe du salon pour pouvoir remonter les aveugles. Juché sur le tonneau, je dis à mes disciples :

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Moi Président …

Ce matin, j’ai regardé France 2, ce qui est à la fois un exploit et une horreur, et j’ai vu, mais surtout entendu Xavier Dupont de Ligonnès dire qu’il était candidat à la présidence. Stupéfiant non ? On me dit dans l’oreillette que ce n’était pas le tueur de Nantes, mais Nicolas Dupont-Aignan, le tueur d’Yerres et peut être de demain. Pour moi, c’est un peu la même chose, le type est député souverainiste, président de Debout la France on va se coucher, Il a été successivement membre du RPR, du RPF, de l’UMP, avant de fonder DLF, anciennement DLR, c’est dire s’il a des valeurs et que la fidélité lui va bien. Moi aussi je veux être Président ! Comment on fait ? Faut-t-il faire la « Nouvelle star » des Président sur M6 ? Si Ducon-Lajoie y peut, je le peux aussi. Pourquoi je le veux, qui suis-je, où suis-je, dans quelle état j’erre ? Je sais, ça fait un max de question et peu de réponse. Déjà la gratte. Ça palpe combien un Président ? Je suis persuadé que ça va tirer au minimum dans les 10 à 15 mille net par mois. Et ça ne dépense rien en plus, ça passe sa vie dans des apéritifs mondains à picoler du mousseux et à bouffer des Ferrero Rocher en veux-tu en voilà. La belle vie en somme !

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Cet obscur objet du désir, putain de Zeus

De couvre-feu en confinement, nous avons pris conscience que des petites choses auxquelles nous n’accordions pas trop d’importance avant l’arrivée de la pandémie étaient plus importantes que ce que nous pensions. Un apéro entre potes, une ballade en forêts, un petit tour en voiture, un repas bien arrosé, du pécu, le shopping, un petit voyage, un coiffeur. Dans cette guéguerre contre le coronavirus, il n’y avait plus de pénurie que d’ennemi à affronter. Il y a bien internet et ses anges livreurs pour m’apaiser, les réseaux sociaux et leurs fake news pour m’énerver, les coachs sportifs avec leurs tutos à la con, des milliers d’activités à faire seul avec un belle photo de palmiers et de mer turquoise en fonds d’écran. Sur les réseaux sociaux, une palanqué de citoyens, à travers le monde, partagent en ligne leur mal-être, j’ai accès à tout et pourtant il me manque l’essentiel. Avant, c’était avant, j’étais libre de faire ce que bon me semblais, et je ne le faisais pas, et maintenant que ces habitudes sont un souvenirs, ils me manquent. Râler, c’est comme désirer, c’est l’essence même de l’homme. Nous entretenons tous une relation difficile et ambiguë avec nos besoins et nos pulsions, une sorte d’attirante répulsion.

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Faut pas avoir peur de jouer avec sa langue maternelle

Il y a eu des duo célèbres, comme Adam et Eve, la belle et la bête, Roméo et Juliette, Tristan et Iseult, Tom et Jerry, Bonnie & Clyde, Starsky et Hutch, Castor et Pollux, Jacquie et Michel, Procter & Gamble, Gault et Millau, Roux et Combaluzier, Coca et Cola, mais Kama et Soutra sont mes préférés. Je les ai découvert dans les aventures du commissaire San-Antonio. Les livres de Frédéric Dard comptèrent parmi mes premières lectures au même titre que SAS ou le Club des Cinq petits cons. Vous comprenez mieux pourquoi j’ai viré psychopathe. Dans les livres du grand Dard, à ne pas confondre avec le gros dard, j’ai beaucoup été influencé par les exploits du commissaire, séducteur de ses dames devant l’éternel et acrobate du plumard.

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Foufou de foot

Moi, personnellement pour ma part, je passe mon confinement à glander comme une grosse pastèque dénuée de culpabilité et de morale à la con, en recyclant des vieux mails surannés et en regardant des documentaires aussi inintéressants que celui d’hier sur un mongolien du pays de la Mongolie, pas JeanDa, un vrai qui était en train de coudre l’anus d’un pangolin sur la tête d’une chauve-souris, pas JeanDa, le Mongolien, même si JeanDa sait aussi le faire, juste avant de lui faire cuire les tripes à la braise pendant que ses gamins se jetaient des crottes de Yak à la gueule en invoquant le Dieu du vent et des pets… Je mate également des vieux matchs de foot vu qu’il n’y en a pas de nouveau à cause de la grippe du Pangolin. J’en profite pour réviser les règles et la tactique. Par exemple, j’ai appris quelle est la différence entre un 4-4-2 et un 4-3-3, c’est le 4, mais aussi le 2.

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Comment ça va ?

Comment ça va ? Question ô combien anodine, mais qui aujourd’hui prend tout son sens. Il y a bien longtemps cette question voulait dire : comment va la selle ? Pas la selle du cheval, nos propres selles, même si les mots propres et selles juxtaposés, ça fait bizarre.  Ausculter ses propres excréments est loin d’être évident pour nous, le sujet est délicat. Et pourtant, ces déchets humains sont révélateurs de ce que nous mangeons, de comment nous métabolisons notre nourriture et ce que nous rendons à la nature, avec grand soulagement et force ventilation parfois. Sans évacuation, point de salut. Le « comment ça va » pullule. Pourtant, je pensais que c’était les trois mots les plus inutiles du monde de la communication. Celui qui y répond ne dit que rarement la vérité, tandis que l’autre ne veut pas vraiment savoir. À l’hypocrisie répond l’hypocrisie. Sans méchanceté ou manipulation bien sûr, mais cela n’empêche pas la conversation de sombrer dans la banalité et la superficialité. Nul cynisme, mais juste un constat. En interrogeant quelqu’un sur sa santé, on n’attend pas de lui qui réponde, qu’il s’allonge sur le divan et raconte ses problèmes existentiels. Pas d’introspection, il faut une réponse aussi concise que positive et passer à autre chose. La seule raison pour laquelle la plupart d’entre nous posions cette question est qu’il semblerait impoli de ne pas le demander. Aujourd’hui, c’est la seule question qu’il faut poser. Je l’ai donc posée à quelques-uns de mes amis imaginaires, en un mot commençons !

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