De la tripe au cerveau, splendeurs et viscères

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Il y a deux choses que j’aime par-dessus tous, les tripes et l’esprit, et encore mieux, manger des tripes avec des gens d’esprit. Nos tripes disent qui nous sommes. Les angoissés ont l’estomac noué, certains avancent la peur au ventre, d’autres digèrent mal les mauvaises nouvelles, se font de la bile, les lâches manquent de tripes, certains ont tellement peur qu’ils se font dans le froc … Même si elles cristallisent les tabous et l’embarras, on se rend compte que nos tripes sont omniprésentes dans le langage courant, et que toutes ces expressions peuvent être démontrées scientifiquement ! Comble du bonheur, tripes et esprits, c’est une anagramme ! Le lien est fait via le nerf sympathique ! ça ne s’invente pas.

Tout le monde le sait, sauf Rage, nous avons un cerveau dans la tête, bien que pour lui, on pourrait se demander s’il est bien là. Nous autres humains, sommes cerveau centré. Nous philosophons sur le sens de la vie, nous venons à bout d’équations à plusieurs inconnues, nous retenons un nombre incommensurable de mots de passe, nous pouvons passer des heures sur internet pour trouver la pire chanson du monde (voir plus bas, si vous arrivez à l’écouter jusqu’au bout, vous êtes plus débile que moi), tout cela grâce à notre cerveau. Mais, pour bien penser, il faut d’abord bien chier, et pour bien chier, il faut avoir les tripes en bon état ! Un seul autre organe a un fonctionnement aussi complexe que notre cerveau, c’est nos intestins. Notre cerveau est-il réellement tout-puissant ? Nos tripes sont un autre réseau complexe, riche de 200 millions de neurones. Ça ne rigole pas dans nos intestins, on écoule, on pompe, on aspire, on écrase, on désagrège, on répare et on réorganise. Toute une équipe d’organes sophistiqués s’active joyeusement, tant et si bien qu’en une heure, un adulte consomme à peu près autant d’énergie qu’une ampoule de 100 watts.

Des savants, et pas que boukistanais, ont également fait le lien, notre abdomen renferme bien plus que d’obscures fonctions digestives ! Quel organisme irait constituer un tel réseau de nerfs pour gérer un banal tuyau péteur ? Nos tripes canalisent notre vécu émotionnel, jouent avec nos humeurs et interfèrent avec notre personnalité. La morosité, la joie, le doute, le bien-être ou l’inquiétude ne sont pas que le produit de notre cerveau. La majeure partie (80%) de notre système immunitaire est localisée dans notre intestin. Nos tripes, nos bactéries nous sauvent la vie tous les jours en nous protégeant des maladies, virus ou problème en tout genre. Ce que nous sommes, c’est ce que nous avons dans le ventre ! Bouddha, un vieux copain, a dit : Un sage est quelqu’un dont les intestins fonctionnent bien. Bien manger, c’est le début du bonheur, quand la tuyauterie va, tout va. Une soirée « soiffard » trop arrosée et le message de nos tripes à notre cerveau c’est, vide-moi, fait intervenir le centre du vomissement, je suis sûr que vous savez de quoi je parle… Des ballonnements, malaises, stress, estomac noué et diarrhées ? Un message est alors envoyé dans une zone émotionnelle du cerveau chargée de traiter les sentiments désagréables, on est ainsi plus sujet à l’anxiété et à la dépression…  Il est aussi prouvé que 95 % de la sérotonine, hormone du bonheur ou du bien-être, est produite et stockée au niveau de la paroi intestinale et prend part aux échanges entre le cerveau et l’intestin via le nerf vague. La plupart d’entre nous pensent que nos tripes ne sont bonnes qu’à se vider, qu’elles pendouillent inutilement et lâchent peut-être un pet de temps en temps. Elle nous font honte. Pourtant, les tripes c’est le fin du fin, surtout à la mode de Caen. Elles décomposent la nourriture non digestible, fabriquent des vitamines, détruisent les substances toxiques ou encore stimulent notre système immunitaire. Et tout ça pour finir au fond d’un chiotte, sans égard ! Cet organe complexe est la clé dans notre santé et de notre bien-être, alors chouchoutons la un peu plus, elle le vaut bien et que la force des tripes soit avec vous ! Et avec votre esprit !

Comme on n’est pas venu jusque-là pour se faire de la bille et qu’on a tous l’estomac dans les talons et surtout qu’on aimerait mieux avoir l’étalon dans l’estomac, on se dépêche donc de ne pas comprendre les règles du jeu inventé par deux profs en mal de souvenir de chouchou et de béni oui-oui. Ces deux zigotos ont le truc pour faire durer les choses pénibles. Leur esprit est à peu près, à l’intelligence vraie, ce qu’est le vinaigre est au vin nature, breuvage des cerveaux stériles et des estomacs maladifs.

Un joli champagne élégant, complexe et sans dosage, sur des notes de brioche, de gâteau sec et d’herbes fraiches. La bulle est fine, la bouche est vive, sans excès avec une belle finale sur les fleurs et une fine minéralité. Champagne Louise Brison Cuvée Tendresse

Note : 3 sur 5.

Un nez de fleurs blanches, de groseille, de citron confit et de pierre sèches. La bouche est nette, vineuse, un peu sur la pomme et la brioche avec une belle persistance. Champagne Clandestin Borèal R19 Brut Nature Les Semblables

Note : 3 sur 5.

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Un peu de réduction, c’est très fumé, pain grille, très élevé avec une touche de poire mûre et de pêche. La bouche est fraiche, les bulles sont fines, mais le vin est très marqué par son élevage ce qui lui apporte de l’amertume en fin de bouche. Trentino Chardonnay Riserva Lunelli 2010 Domaine Ferrari

Note : 2.5 sur 5.

Un nez très légèrement oxydatif, citronné avec de belles notes de cèpes, de beurre frais, de grillé et de violette. Le vin est porté par une grosse ligne acide et un élevage un peu prégnant. Crémant du Jura Chardonnay BBF Domaine Tissot

Note : 2.5 sur 5.

Un assemblage Pinot blanc-Auxerrois sur le citron, le chèvrefeuille avec un léger fumé-grillé. La bouche est tranchante, fine, pas très aromatique avec une persistance sur l’acidité et une belle minéralité. Granite 2021 Domaine Rieffel

Note : 3 sur 5.

Un brin de réduction au départ avec des notes de livèche, puis des fruits blancs et jaunes, du citron et de notes florales. La bouche est vive, salivante, très mûre, équilibrée et portée par une fine acidité minérale. Chenin Terres blanches 2015 Domaine Bernaudeau

Note : 3 sur 5.

Un nez très minéral, léger toasté, pierre à fusil, épices et feuille morte. La bouche est ample et fraiche, bien structuré avec une belle persistance. Un vin bien construit mais qui manque de fruit et donc de gourmandise. Sicile Faro Bianco 2019 Rocca Coeli

Note : 2.5 sur 5.

Le nez est très expressif, allant du pain grillé aux amandes en passant par de belles notes d’agrumes, de chèvrefeuille et de pierre à fusil. La bouche est ample et expressive avec une belle texture et une acidité persistante qui garde le vin sous tension. Meursault Clos de la Barre 2012 Comtes Lafon

Note : 3.5 sur 5.

Caramel beurre salé, champignon, jusque là pas terrible, le reste est oxydé. Chablis 1er  Montmains 2002 Domaine Regnard

Note : 1 sur 5.

Le nez est puissant, légèrement sur le caramel et les fruits secs, il reste des notes de fleurs et de fruits jaunes. La bouche est ample et pleine avec une belle acidité et des notes fumées sur la finale. Tokay Pinot Gris 1983 Domaine Klipfel

Note : 3 sur 5.

De jolie notes de zeste d’orange, de fruits blancs, de vanille, de miel de sapin, de champignon et de cire d’abeilles. C’est complexe, gourmand, sèveux et porté par une belle acidité qui persiste. Total régal. Rioja Viña Tondoñia Gran Réserva 1994 Lopez de Heredia

Note : 3.5 sur 5.

Léger oxydatif, sec avec des notes de cèdre, de mangue, d’ananas rôti et d’épices douces, une bouche crémeuse, gourmande portée par une acidité presque aussi gourmande et de fine notes minérales, c’est sûr, c’est Y. La légende est toujours en marche, sublime. Y d’Yquem 1988 Château d’Yquem

 

Note : 4 sur 5.

Un vin qui va s’ouvrir doucement pour démontrer toute sa richesse, au nez comme en bouche. Des notes d’amande, de citron confit, de fruits exotiques, de nectarine, de garrigues, de miel, de litchi, de rose et d’abricot. La complexité est envoutante, c’est énorme et délicat, c’est riche et subtil à la fois. Plus il s’aère, plus il est précis, crémeux et persistant. Châteauneuf – Roussanne Vieilles Vignes 2010 Château de Beaucastel

Note : 4 sur 5.

Le nez explose sur les fleurs blanches, le miel d’acacias, la mirabelle, la poire très mûre et l’aubépine. La bouche est puissante, riche, le terroir est présent, l’acidité aussi. L’ensemble est assez chaud, le millésime s’en ressent, mais c’est assez gourmand et soutenu par une belle acidité. Hermitage Ex Voto 2009 Domaine Guigal 

Note : 3.5 sur 5.

Après les blancs, on n’a pas encore mangé grand-chose. Une tranche de sauciflard, une huitre et une crevette, ça ne gave pas son homme et il est déjà presque minuit. Il s’agirait de laisser tomber les conneries de jeu et de se mettre au fourneau ! Comme disait tonton René : « Quand on a trop mangé, l’estomac le regrette et quand on n’a pas assez mangé l’estomac le regrette aussi. » Tonton René la saucisse comme on l’appelait, vu qu’il était boucher-charcutier-receleur, se faisait des caramels en déroulant sa saucisse aux mères de familles nombreuses et en revendant les surplus américains tombés des camions. Il avait des rêves de beauf le tonton, il venait de se faire grimper une 404 coupée et il allait emmener la tantine passer le réveillon du 31 aux Folies Bergères, comme chaque année. Huîtres, foie gras, Chapon, Champagne et petits pépées aux nibards bien ronds et aux gambettes interminables, c’est ça la vie qui répétait le tonton René. Il avait l’estomac aussi rond que la tantine et il faisait gaffe à rien. En l’espace de 3 secondes, sa tronche et le radiateur d’un camion ne faisait plus qu’un. Son foie a été refilé à un motard trentenaire imprudent et son estomac à un gréviste de la faim qui n’en avait aucune utilité. Putain de camion !

Un nez sur les épices, la framboise, les fruits noirs et la ronce. La bouche est légère, dans un registre terre, humus et trait de vert. L’ensemble parait dissocié, peu équilibré avec un creux en milieu de bouche. Marsannay 2020 Domaine Pataille

Note : 2 sur 5.

Nez sur la framboise, les épices, le genévrier sauvage et les fleurs des champs. La bouche est crémeuse avec une fine acidité qui réveille les papilles et prolonge le plaisir ? Un vin très agréable. Val d’Aoste L’Emerico 2019 Ottin 

Note : 3 sur 5.

Un nez un peu bizarre, fromagé, crème d’époisses, fruits rouges compotés et une touche de réglisse. La bouche est ample, minérale et persistante. Un Nerello Mascalese déconcertant. Sicile Faro 2019 Rocca Coeli

Note : 3 sur 5.

Lard fumé, fruits noirs, épices, sanguin, violette et bois noble, c’est sûr, on est en Rhône nord ! Perdu, Clos Vougeot. Mais où sont passé les griottes, le pinotage si caractéristique, la cerise, la finesse et le soyeux du vieux Pinot Noir ? On nous aurait menti ? Ça reste un très bon vin, mais pas un grand Bourgogne  Clos Vougeot 2002 Denis Mortet 

Note : 3 sur 5.

Un nez est un peu feignasse au début mais qui s’ouvrira sur des beaux fruits noirs, de la violette du bois grillé. La bouche est ample et gourmande, les tannins sont polis et la trame acide apporte fraicheur et équilibre à l’ensemble. Ça se boit avec facilité, peu être trop pour une Côte-Rôtie !  Côte-Rôtie Champin Le Seigneur 2009 Jean-Michel Gérin

Note : 3 sur 5.

Le premier nez est serré, austère, puis il s’ouvre et s’affirme sur la mûre et le cassis, la réglisse, la fumée, le cuir. En bouche, l’acidité est haute, tranchante, les tannins sont veloutés, la persistance est importante et le plaisir certain. Un vin qui évolue significativement dans le verre, la dernière gorgée sera la meilleure. Cornas Reynard 2001 Thierry Allemand

Note : 3.5 sur 5.

Le nez est profond, un peu sur la volatile, sur le cassis, les épices, la violette, le romarin et les amandes. Le toucher de bouche est remarquable, les tanins sont soyeux, gourmand, l’élevage est là, sans excès, parfaitement intégré. La finale est réglissée et longue. Cahors Le Cèdre 2003

Note : 3.5 sur 5.

Une cuvée produite avec les vieux Mourvèdres du Domaine, un peu cul de cheval en premier nez, puis des notes de mûre, de cassis, de kirch, d’épices et de menthe. La bouche est concentrée, très mûre, les tannins sont fermes et la finale termine sur les épices. Bandol Moulin des Costes Charriage 2001 Domaine Bunan

Note : 3 sur 5.

Un premier nez très typé Pauillac, cassis, mûre, graphite, cèdre et encens. La bouche est crémeuse, les tannins sont fondus, légers, le bois est discret et la finale sur la mine de crayon. Pauillac 2003 Les Forts de Latour

Note : 3.5 sur 5.

Un nez sur la mûre, le cassis, la prune, le tabac, la vanille, le bois et quelques notes tertiaires. La bouche est moins fondue, moins gourmandes que la précédente, plus serrée, plus profondes et un peu plus longue. Saint-Émilion 2003 Beauséjour Bécot

Note : 3.5 sur 5.

J’ai pris une grande décision, afin de préserver vos cerveaux et mes tripes, je ne commenterai plus que 24 vins maxi. Les trois derniers de cette soirée, je les ai bu, avec plaisir, l’arbois, le bien appelé « Cuvée des docteurs » du Domaine Aviet, le muscat de Rivesaltes du Mas Amiel et le Muscat Klein Constantia, mais je sais aussi que l’indigestion a été inventée par le bon Dieu pour faire la morale aux estomacs. J’ai l’estomac qui fait du yoyo autour de mon trou de balle et je crois que j’ai la rondelle ouverte comme la porte des étoiles, c’est le signe que ma nuit sera plus agitée que celle d’un carillonneur le jour des morts. Il me faut les boire pour le compte-rendu, pour mon cerveau, mais je sais que ce sont mes tripes qui vont payer l’addition. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas avec de l’intelligence et encore moins avec de la culture qu’on conduit sa vie. Les romantiques vous diront avec le cœur, les libertins avec leur bite… Moi je pense que c’est avec ses tripes. Ma vie est pleine de Kinders Surprises.