L’idéal pique-nique d’un chimiste idéaliste

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Chez le serpent, on a nos habitudes, quand le thermomètre consent enfin à monter dans les tours, on organise « the pique-nique » à la belle étoile. Attention, il ne s’agit pas ici d’un vulgaire casse-croûte vite fait, mal fait, d’un gouter de chérubins libidineux, d’une collation de bobo ou d’un mâchon avec boites manufacturées, genre chips goût barbecue scandinave, d’une ration de combat tchétchène ou d’une salade de nouilles sous préservatif. Non, chez le serpent, c’est du lourd, du fait main, du pénible pour l’estomac, il faut que ça envoie des calories, que ça fouette les papilles et le nez, que ça cause au gosier question jus de raisin. Attention, il ne faut pas venir avec de la futaille de chardonnay, c’est pas un menu sur l’herbe à galipette qu’on prépare, c’est un déjeuner de rois, de princes, la tournée des grands-ducs de Bourgogne, un festin campagnard, des ripailles bocagères, pas une partouze à vinasse. Pour ce qui concerne les us et coutumes, le Jeanda s’accroche à son train de côte de bœuf comme la vérole au bas clergé, il lui faut sa viande amoureusement cuite dans le vin blanc avec un train d’oignons nouveaux et une rafale de légumes. On lui oppose la jurisprudence soiffarde, jamais le même plat deux années de suite.…

« Objection votre honneur », qu’il éructe le pti chimiste après s’être étouffé dans son godet de Pinot noir du Jura et tâché sa chemise rose à jabots. « Un pique-nique à la fraiche sans Côte, c’est pire que le vérole ». Là, il monte sur son percheron et défouraille, « Mais c’est une évidence, une omnipotence, un absolu, un idéal », le mot est lâché. Le serpent approuve en refaisant les niveaux, il a encore quelques munitions liquides sous la main, attention, il est équipé comme un commando russe, il a la puissance de feu du Bismarck et des flingues de concours. C’est parti, un silence d’établis, aussi lourd que l’hérédité d’un avocat corse et épais comme la conscience d’un gendarme bigouden. Le thème est tellement coton que personne n’a compris la différence entre pareil, même, ou presque pareil mais semblable. Comme disait un cul de jatte de mes relations, c’est le branle-bas en cave, va falloir assurer.

Nez sur les amandes, mie de pain, les herbes fraiches. La bouche est grasse, fraiche avec une belle tension et une jolie finale. Brut Nature Crémant Lissner

Note : 2.5 sur 5.

Nez de champignon, de feuille morte, d’amande et de pomme au four. En bouche, c’est précis, très frais, assez large avec une belle finale aromatique. Champagne Brut nature « Fidèle » Vouette et Sorbée

Note : 3 sur 5.

Un peu le même profil, toujours ses notes de volatile, un peu sur l’alcool aussi, mais de jolies notes de mirabelle et de fruits exotiques. Belles bouches, fines avec une finale sur des notes de grillés. Les Bottes rouges Face B 2020

Note : 2.5 sur 5.

Un nez un peu bizarre, légèrement vinaigre qui s’estompe un peu, noisette, menthol, agrumes confit. La bouche est grasse, ample, presque tannique avec une grosse acidité sur la finale. Savagnin « les Vignes de mon Père » 2002 Domaine Ganevat

Note : 3 sur 5.

Fruit jaune, pamplemousse, bourgeon de cassis, pierre à fusil, pas de doute, on est sur un sauvignon. La bouche impressionne par son amplitude, grosse matière, fraîcheur exceptionnelle. La finale est longue et intense. Silex 2003 Domaine Daguenau

Note : 3.5 sur 5.

Un nez de suite très causant, poire bien mûre, agrume, chèvrefeuille, tilleul, fleurs blanches et un peu de noisette. Un nez ultra classique et ultra beau, robuste et subtil à la fois. En bouche, c’est rond, ample, généreux, légèrement beurré, mais plutôt bien équilibré, même assez fin, racé, avec une longue finale épicée et ciselée. Meursault-Charmes 2001 Domaine Henry Germain

Note : 4 sur 5.

Le nez est légèrement perlant, très peu d’élevage, des notes beurrée, d’agrumes, de pierre à fusil, de fleurs. L’ensemble est équilibré, belle matière, fine acidité qui tend et allonge le vin. La finale est pure et longue. Puligny-Montrachet « les Rechaux » PM 2017 Domaine Boyer

Note : 3 sur 5.

Nez sur les amandes douces, le tilleul, les agrumes. La bouche est élevée, vive, miellée avec un équilibre qui penche sur le gras et un élevage beaucoup trop appuyé qui masque totalement le fruit. Finale moyenne. Puligny-Montrachet « Les Enseignères » 2018 JC Ramonet

Note : 2.5 sur 5.

La robe est légèrement cuivrée, le nez est oxydatif, terpène, et propose un mélange captivant, d’épices, d’amandes grillées, de violette, d’orange amère, de pomme au four, de noix fraiches et de miel d’acacia. La bouche est énorme, un monstre de puissance contenue, c’est complexe, frais, séduisant, et même envoutant. On ne se lasse pas de cette fraicheur, de ses arômes très particuliers et de cette longue finale qui ne s’arrête jamais. Enchanté M.Noly, très heureux de vous croiser une fois de plus. Le Clos de Monsieur Noly 2006 Domaine Valette

Note : 4 sur 5.

Une robe vieux cognac, un nez comme il n’en existe qu’un. Un parfum, un savant mélange de rancio, de fruits secs, de fleurs capiteuses, d’orange amère, de cédrat, de truffe et de rose. La bouche donne une sensation de sucrosité captivante, c’est puissant, épicé, très original et maitrisé. Pas un vin de tous les jours, réservé aux afficionados.  Oro 1996 Domaine de la Peyre Rose

Note : 4 sur 5.

Pendant que le Serpent découpe consciencieusement la barbaque, notre Jeanda se trémousse le train en se tapant sur les côtes. Le garçon fait 1m50 pour 145kg de douceur et de rondeur, on pourrait presque le confondre avec Paul Pogba s’il avait 50 cm de plus et une crête de cheveux qui pourrait accueillir une famille de gerbilles abandonnées. Mais attention, faut pas l’énerver d’entrée, c’est le genre de Monsieur qui vous nouerait les boyaux autour du cou avec le Scrotum comme boucle d’oreille, sans cesser de se vernir les ongles des pieds. Il a été ballerine et professionnel de la flûte à bec dans une autre vie. Grace à sa passion pour la chimie, il est capable de faire la différence, à l’aveugle, entre un Chambertin et un Riesling allemand mais pas entre un Beaujolais et une DRC. Dans le vin, il adore les notes de crêpe au Nutella et déteste l’acidité, les tannins, le manque d’acidité, le sucre et la manque de sucre. (hi)2, ou (hydrogène-iode)2, c’est son surnom, est un prof de science qui n’a pas toujours toutes ses facultés, qui fait des tas d’expérience pour créer des lubrifiants ou du Viagra pour spammer nos mails.

Un jus de framboise et de groseille, grosse fraicheur mais grosse volatile aussi. Ce Pinot noir passe son élevage en milieu réducteur, dans une cave très froide et ne subit pas d’ajout de SO². Ceci explique cela. En l’état, un nez super gourmand, mais une bouche avec de gros défaut. Julien en Billat 2019 Domaine Ganevat

 

Note : 2 sur 5.

Un nez de griotte, de cannelle et de muscade. Une bouche fine, très fraiche avec de belles notes d’herbes du sud mais une sensation de lessive sur la finale. Novetat 2021 Eloi Cédo Perallo Mallorque Espagne

Note : 3 sur 5.

Un pinot simple, sur le chocolat et les épices, frais mais sans complexité, ça manquait un peu de tout. Vin atomisé par le suivant ! Gevrey-Chambertin Justice 2010 Maison Romane

 

Note : 2 sur 5.

Certes, c’est jeune, très jeune même, mais tout est déjà là, le fruit éclatant, une fleur odorante,  un terroir présent, une construction impeccable, de la fraicheur, de la finesse et une pointe d’élégance. Une belle promesse. Côte Rôtie Tupin 2019 Domaine Stephan

 

Note : 3.5 sur 5.

Une robe un peu trouble, tuilée, sur la quetsche, la cerise noire, les épices douces, les feuilles mortes et un très léger rancio. La bouche continue à vibrer, la matière est en voyage, il reste une fine acidité et une longue finale tertiaire. Très jolie vieille Bourguignonne, témoin d’une autre époque. Morey St Denis Clos des Lambray 1978

 

Note : 4 sur 5.

Le nez n’est pas très causant et s’ouvre sur des notes de terre fumée, de cerise et d’épices. La bouche est plaisante, les tannins sont présents mais sages et délicats. La longueur est correcte. Un grand cru de Bourgogne qui gagnera à attendre encore. Morey St Denis Clos des Lambray 2011

 

Note : 3 sur 5.

Pour bien déguster, il faut être attentif, les discussions, chahut et blague à deux roubles ont tendance à faire passer de bons vins aux oubliettes de la dégustation. Un nez intense, cerise, cassis, un bois discret, une bouche aérienne et suave, de jolis tannins, c’est très bon mais personne ne le remarque pendant que d’autres le recrache joyeusement. Dommage … Pauillac Château Lafitte 2002

Note : 3.5 sur 5.

Nez discret sur les fruits noirs, cassis, cèdre, ronce et épices. La bouche est suave, finement boisée, la matière légère, les tannins sont fondus et la finale est fraiche. Un vin avec de la noblesse et un petit manque de matière. Une bouteille déjà dégustée sous un jour meilleur. Cuvée Emile Peynaud 2001 Mas de Daumas Gassac

Note : 3 sur 5.

Beau nez de cerise, framboise, mélisse, ronce et rafle. La bouche est fine, élégante avec une touche de classe et une belle finale fruitée. Corton Bressande 2017 Chandon de Briaille

Note : 3 sur 5.

Un nez prometteur, sur le fruit et une petite touche d’élevage, mais en bouche c’est assez creux, un peu trop svelte et avec un fruit qui a disparu. Rien de bien enthousiasmant. Corton 2014 Cuvée Charlotte Deray

Note : 2.5 sur 5.

Nez poivré, sur la rose, la groseille et la fraise des bois, un peu de reglisse et de menthe fraiche. La bouche est ample avec des tanins assez présents, c’est droit, très mûr, soutenue par une belle acidité qui porte la finale.  Barolo Riserva 2013 Elio Sandri

Note : 3.5 sur 5.

Superbe nez  sur la rose fanée, les épices, le cassis, la cerise noire et la menthe sauvage. La bouche est, à la fois puissante, tannique, virile, mais aussi élégante, fraiche et délicieuse. Gosse finale pour ce Barolo Ying et Yang. Barolo « La Foia » 2015 Nadia Curto

Note : 4 sur 5.

Le mythique shiraz australien ! Chris Ringland possède 2 ha de ceps de shiraz datant de 1910. Son but est de gérer une sorte d’archive de l’héritage viticole australien, sans se soucier des modes et autres considérations du moment.  15 hecto/ha, Three Rivers est un monstre qui a peu d’équivalent. Le nez est une orgie baroque, mûre, myrtille, eucalyptus, violette, réglisse … La bouche est énorme mais ne manque pas de fraicheur, très aromatique, les tannins sont doux, l’ensemble est savoureux et long comme un été Australien. Tree Rivers 2007 Chris Ringland

Note : 4.5 sur 5.

Le nez est superbe, sur le cassis, la cerise, les fruits secs, tapenade, violette avec une pointe de poivre. La bouche est très sérieuse, un rien austère, acidulée, classe, tannins aériens, comme souvent chez Chave, fine acidité et très longue finale, nette, sur la violette. Hermitage 2009 Domaine Chave

Note : 4 sur 5.

Une Belle robe ambrée, un nez de tarte tatin, pomme au four, raisins secs, épices, miel, cire. La bouche est riche, opulence avec une acidité parfaitement intégrée, superbe finale toute en douceur. Tokaji Oremus Aszu 2003

Note : 3.5 sur 5.

Un nez légèrement oxydé, sur la pêche, l’abricot rôti, le pamplemousse. La bouche est moyennement ample, toujours sur pêche du nez. Petite pointe d’amertume sur la finale miellée. Anjou Cuvée Maria Juby 2005 Patrick Baudouin

Note : 3 sur 5.

Magnifique nez de prune très mûre, de café, de ciste, de gomme arabique, de silex. La bouche est i-une gourmandise, riche et suave, douce comme caresse et longue comme une nuit sans lune. Porto Graham’s 2000

Note : 4 sur 5.

On se quitte sur ce Yalta du boire et du manger sous le regard ahuri du serpenteau qui n’a jamais dû pique-niquer à près de trente quilles. Il a un teint tendance Pata Negra fumé. Faut dire qu’il ne crachait pas beaucoup l’animal. Il a terminé la soirée, piqueté comme une Merguez avec le rire de Voldemort chaque fois qu’il finissait de grumer son vin. Il nous a raconté sa phobie pour les catcheuses qui lèchent le torse des pingouins en écoutant du Rondo-Veneziano. Fallait le voir attraper les flacons à la volée, se servir des rasades de compétition, ajuster le verre au trou que le Bon Dieu, un drôle de prévoyant celui-là, lui a percé sous le nez, à toutes fins utiles. Il s’est torpillé les fonds de bouteilles sous prétexte que le vin ne fatiguait pas. Puis il a cherché son lit comme un prostatique les pissotières au Salon des vins. Il s’est affalé dans l’herbe, entouré de belles quilles, chargé comme un junkie, la braguette ouverte comme les portes d’un stade un dimanche après-midi. Il passe aussi inaperçu qu’une auto de pompiers dans la vitrine d’un sex-shop. Un chorizo sous cellophane, il avait des yeux de goret lubrique, le sourire du bonhomme qui vient d’être sauvé de la constipation et le foie qui revendique son indépendance. Demain il aura une gueule de bois qui intéressera surement un charpentier du coin. Si la maréchaussée le faisait souffler dans son biniou éthylométrique, on aurait tous fini en zonzon. Le Serpent, il débarque toujours avec son four à viandasse. On a beau lui dire qu’à l’ère de la glacière portative et du réchauffement climatique, il pourrait se moderniser, il s’accroche à ses traditions comme une bernique à son rocher.